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Société

Le Front de gauche veut incarner l'alternative

La coalition, qui rassemble le Parti communiste français (PCF), le Parti de gauche (PG) et plusieurs autres formations de l'"autre gauche", tient ce week-end à Grenoble ses propres universités d'été. Malgré un score en deçà de ses espérances à l'élection

La coalition, qui rassemble le Parti communiste français (PCF), le Parti de gauche (PG) et plusieurs autres formations de l'"autre gauche", tient ce week-end à Grenoble ses propres universités d'été. Malgré un score en deçà de ses espérances à l'élection - -

par Chine Labbé PARIS (Reuters) - Malgré un score en deçà de ses espérances à l'élection présidentielle en France et l'échec de son leader Jean-Luc...

par Chine Labbé

PARIS (Reuters) - Malgré un score en deçà de ses espérances à l'élection présidentielle en France et l'échec de son leader Jean-Luc Mélenchon aux législatives, le Front de gauche, qui se place dans une logique de stricte autonomie par rapport au gouvernement socialiste, veut incarner l'alternative à gauche.

La coalition, qui rassemble le Parti communiste français (PCF), le Parti de gauche (PG) et plusieurs autres formations de l'"autre gauche", tient ce week-end ses propres universités d'été, en plus de celles organisées séparément par le PG et le PCF.

"C'est bouillonnant", estime Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF, qui veut y voir un gage de maturation de la coalition.

"L'année dernière, on était dans la situation où il y avait l'université d'été du PCF en même temps que le remue-méninges du PG", se souvient François Delapierre, secrétaire national du PG et ancien directeur de campagne de Jean-Luc Mélenchon.

"Là, on s'est donné les moyens pour que chacun puisse participer à ces initiatives sans avoir à choisir", ajoute-t-il.

Les estivales du Front de gauche, qui ont lieu samedi et dimanche près de Grenoble, sont l'occasion pour la coalition, fondée dans l'optique des européennes de 2009 de préparer une nouvelle étape de son existence.

Une étape privée de toute perspective électorale à court terme après une séquence marquée par la succession des échéances entre 2009 et 2012.

"Les risques d'éclatement sont plus forts aujourd'hui parce qu'on est en fin de cycle, dans une période de creux", estime Emmanuel Rivière, de l'institut TNS Sofres.

"C'est la première fois que ça arrive au Front de gauche, qui a systématiquement franchi les étapes de sa vie en préparant une élection", confirme Olivier Dartigolles. "Il nous faut réfléchir à une nouvelle phase de développement de notre rassemblement".

QUEL RÔLE POUR MÉLENCHON ?

La coalition, dont le grand rendez-vous de la rentrée sera la lutte contre la ratification du traité européen et l'exigence d'un référendum, va notamment engager, dès dimanche, des discussions sur sa structure.

La question de rendre possible une adhésion directe au FG sera notamment au menu des débats. "Ce qu'on cherche, c'est le moyen de permettre à tous ceux qui souhaitent participer au FG de s'y sentir partie prenante à égalité", dit François Delapierre. Sans pour autant perdre son originalité et devenir un "parti bis", précise-t-il.

Le Front de gauche devra également définir le rôle du président du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, qui, depuis son retour de vacances, a multiplié les critiques à l'endroit des 100 premiers jours de présidence de François Hollande.

Au cours de l'été, le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, a appelé de ses voeux la recomposition d'un porte-parolat collectif, estimant que le Front de gauche n'avait pas de "leader naturel".

Mais, du côté du PCF comme du PG, les membres du Front de gauche reconnaissent le statut particulier de celui qui a recueilli 11,1% des voix au premier tour de l'élection présidentielle, en mai dernier.

"Il y a deux faits politiques qui sont incontournables au Front de gauche, le premier c'est qu'il y a une personnalité qui est emblématique, Jean-Luc Mélenchon et le deuxième c'est qu'il y a un parti largement dominant qui est le PCF", dit François Delapierre. "Tout ça fait un équilibre", ajoute-t-il.

"C'est encore un accord gagnant-gagnant", confirme Emmanuel Rivière.

"ÊTRE UN RECOURS RESPONSABLE"

D'autant plus que les deux principaux partis de la coalition semblent avoir profité de leur union, avec des cotes de popularité qui ont atteint des niveaux record cet été. Avec 30% de bonnes opinions en juin, le PCF est ainsi à son plus haut niveau de popularité depuis presque huit ans, selon un baromètre TNS Sofres pour Le Figaro Magazine.

Cette popularité pourrait encore progresser du fait de la non-participation de la coalition au gouvernement, estime Emmanuel Rivière.

"La participation gouvernementale crée un espace à gauche. S'ils étaient au gouvernement, dans ce contexte extrêmement difficile, et donc forcément porteur de déception, ils laisseraient le champ libre à une revitalisation de Lutte Ouvrière ou du NPA", dit-il.

Au lieu de cela, le Front de gauche entend s'imposer comme l'alternative à gauche, à l'instar de Die Linke en Allemagne ou Syriza en Grèce, et se mettre en réserve en cas d'échec socialiste.

"On doit faire la démonstration de notre utilité, continuer à travailler des grandes propositions d'avenir", dit Olivier Dartigolles.

"On travaille dans l'esprit d'être un recours responsable pour qu'il y ait une issue positive à la crise, c'est à ça qu'on sert", renchérit François Delapierre, qui se donne pour objectif d'être la première force de gauche aux européennes de 2014.

Un pari prometteur, estime Emmanuel Rivière. C'est sur le terreau de la déception à gauche que l'extrême gauche a fructifié entre 1997 et 2002, rappelle-t-il. Avec, à la fin de cette période, des scores records à la présidentielle pour les deux principales formations d'extrême gauche (5,72% pour Lutte ouvrière, et 4,25% pour la Ligue communiste révolutionnaire).

Edité par Patrick Vignal