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Société

Le FN retrouve des scores historiques dans ses bastions

La présidente du Front national, Marine Le Pen, dans un bureau de vote à Hénin-Beaumont (Nord). Le FN a tiré parti dimanche d'une forte abstention pour s'inviter au second tour des cantonales et retrouver un rôle d'arbitre, notamment dans ses places forte

La présidente du Front national, Marine Le Pen, dans un bureau de vote à Hénin-Beaumont (Nord). Le FN a tiré parti dimanche d'une forte abstention pour s'inviter au second tour des cantonales et retrouver un rôle d'arbitre, notamment dans ses places forte - -

PARIS (Reuters) - Le Front national a tiré parti dimanche d'une forte abstention pour s'inviter au second tour des cantonales et retrouver un rôle...

PARIS (Reuters) - Le Front national a tiré parti dimanche d'une forte abstention pour s'inviter au second tour des cantonales et retrouver un rôle d'arbitre, notamment dans ses places fortes du nord et du sud-est de la France.

Le parti d'extrême droite dépasse la barre des 20% dans plus de vingt départements et progresse par rapport au précédent scrutin de 2004, renouant avec des scores qu'il n'avait plus connus depuis le milieu des années 1980 dans certains régions.

Sa percée est surtout notable dans l'est, le centre et le nord du pays, ainsi que dans certains départements d'Ile-de-France, comme le Val d'Oise ou le Val-de-Marne.

Dans une note d'analyse sur les perspectives du FN à quelques jours du premier tour, la Lettre de l'Opinion et l'Ifop voyaient l'abstention plutôt comme un handicap pour le FN, le vote populaire attendu étant deux fois moins important.

La démobilisation d'une partie de l'électorat de la majorité semble avoir modifié la donne.

Dans Libération lundi, François Miquet-Marty, directeur de Viavoice, souligne la "puissance du vote" FN, qu'il lie à "une dynamique profondément enracinée" et à un vote "gouverné par des peurs mouvantes qui concernent notamment l'immigration".

Cette dynamique s'est concrétisée dans l'Est, où le FN enregistre des scores souvent supérieurs à 20% notamment en Alsace, Moselle et en Franche-Comté.

A Metz, la candidate du Front national Françoise Grolet (26,4%) arrive même en tête devant le maire PS Dominique Gros (26,1%), devancé de neuf voix.

UN VOTE DE COLÈRE ?

En Moselle, le FN enregistre toutefois une déception puisque Fabien Engelmann, le syndicaliste de la CGT passé de l'extrême gauche à l'extrême droite étant éliminé dès le premier tour dans un canton tenu par le Parti socialiste.

A Marseille, le FN retrouve ses scores historiques du milieu des années 1980 en réalisant plus de 30% des voix. Il sera présent au second tour dans la totalité des 11 cantons.

"Je n'en suis pas surpris, les gens en ont marre des promesses non tenues par l'UMP, comme par le PS", explique le leader frontiste à Marseille, Stéphane Ravier.

Dans les Alpes-Maritimes, le parti de Marine Le Pen réussit une nouvelle percée au détriment du Parti socialiste, malmené par la règle des 12,5% des inscrits lui interdisant de se maintenir dans des triangulaires au second tour.

En dépit d'une abstention record de plus de 58%, la majorité départementale UMP résiste bien.

Mais le FN est arrivé en tête dans cinq des 26 cantons renouvelables. Il reste en course pour le second tour dans 14 cantons au total, plus de la moitié des cantons renouvelables.

En revanche, l'ancien maire UMP Jacques Peyrat, qui avait passé un accord avec le FN, dont il était issu à l'origine, est éliminé dès le premier tour.

Cette poussée FN n'inquiète pas Éric Ciotti, le président UMP du Conseil général des Alpes-Maritimes réélu haut la main dès le premier tour à Saint-Martin-Vésubie, près de Nice.

"La majorité UMP départementale sort confortée de ce premier tour. Beaucoup de nos conseillers généraux sont bien placés pour le second et nous sommes même en mesure de gagner plusieurs cantons dimanche prochain", a-t-il dit aux journalistes.

Selon lui, la poussée du FN est "un message qui est adressé à notre majorité." "Il est construit sur l'irritation, sur la colère et nous en tiendrons compte", a-t-il dit.

Dans le Rhône, terre de l'ancien rival de Marine Le Pen Bruno Gollnisch, le FN progresse fortement pour ce type de scrutin avec 18% des suffrages et sera présent dans 11 cantons sur 27 au second tour.

"Avec l'arrivée de Marine Le Pen à la tête du parti, les électeurs sont désinhibés. C'est une première marche pour les législatives et les présidentielles", a déclaré aux journalistes Christophe Boudot, secrétaire départemental du FN.

Gérard Bon avec Pierre Thébault, Catherine Lagrange et Gilbert Reilhac, édité par Yves Clarisse