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Le Béarn s'accroche au béret basque

Le béret militaire et les coiffes féminines permettent aujourd'hui à Béatex, l'une des deux dernières usines de bérets basques (photo), de maintenir la fabrication de ce symbole de la culture populaire française en Béarn, sa terre d'origine. /Photo prise

Le béret militaire et les coiffes féminines permettent aujourd'hui à Béatex, l'une des deux dernières usines de bérets basques (photo), de maintenir la fabrication de ce symbole de la culture populaire française en Béarn, sa terre d'origine. /Photo prise - -

par Claude Canellas OLORON-SAINTE-MARIE, Pyrénées-Atlantiques, 21 décembre (Reuters) - Le béret militaire et les coiffes féminines permettent...

par Claude Canellas

OLORON-SAINTE-MARIE, Pyrénées-Atlantiques, 21 décembre (Reuters) - Le béret militaire et les coiffes féminines permettent aujourd'hui à Béatex, l'une des deux dernières usines de bérets basques, de maintenir la fabrication de ce symbole de la culture populaire française en Béarn, sa terre d'origine.

Depuis que les bergers des Pyrénées portaient sur leur tête il y a plusieurs centaines d'années les premiers bérets, devenus plus tard emblème du Béarn, du Pays basque et de la Gascogne, le béret a connu l'industrialisation et le succès.

Aujourd'hui, la production du béret traditionnel s'est réduite mais deux usines continuent d'entretenir la flamme, dont Béatex à Oloron-Sainte-Marie, à une trentaine de kilomètres au sud de Pau.

Créée en 1840 par Lucien Laulhère qui a donné son nom à la marque qu'elle diffuse toujours, l'entreprise artisanale est devenue une véritable industrie au début du XXe siècle. Entre Nay et Oloron, les usines se sont multipliées avant que la baisse sensible du marché ne les fasse disparaître une à une.

Pour faire face, Laulhère s'est tournée vers le béret militaire et les casquettes dans les années 60.

Devenue Béatex en 1990, elle a été reprise en mai 2008 après un dépôt de bilan par Pierre Lemoine et son associé. Depuis, la nouvelle équipe dirigeante n'a eu de cesse que de réorganiser tant le processus de fabrication, en renouvelant une partie de l'outil de travail, que la gestion du personnel et la commercialisation.

Un investissement de 450.000 euros y a été consacré.

Avec 40 employés, l'usine aura produit 170.000 articles en 2010 dont 40.000 bérets traditionnels (3.000 à l'export) pour un chiffre d'affaires de deux millions d'euros, et prévoit de porter sa production à 400.000 articles pour un CA de 4,5 millions d'euros grâce aux commandes de l'armée française.

TRADITION

La fabrication respecte la tradition et, non sans fierté, Pierre Lemoine rappelle que tout est fait dans cette usine des bords du gave d'Oloron et sur fond de Pyrénées enneigées.

"On part du fil en laine mérinos fabriqué en France près de Mazamet dans le Tarn. On le reçoit en rouleau et on le tisse sur nos métiers à tricoter", explique le chef d'entreprise.

La pièce de tricot va ensuite subir l'opération de feutrage dans des machines appelées "foulons" où, à la chaleur et à l'humidité, elle va se rétracter pour prendre une dimension plus réduite.

S'ensuivent les opérations de teinture, de séchage sur des formes rondes qui vont donner au béret son diamètre définitif, de grattage et de tondage qui vont apporter le grain particulier de la coiffe avant les travaux de confection et de finition (doublage, tour de tête....).

Le savoir-faire béarnais n'est pas un vain mot, mais 90% du marché mondial du béret et de ses dérivés d'un montant de 100 millions d'euros est alimenté par les usines du tryptique Inde-Pakistan-Chine.

Fort heureusement, Béatex s'est fait une spécialité du béret militaire et fournit notamment les armées française, allemande, néerlandaise, grecque, espagnole, tunisienne, ivoirienne, guinéenne, ainsi que l'Onu et bientôt l'Otan.

L'entreprise béarnaise s'est largement tournée vers la coiffe féminine, et fournit actuellement des marques telles que Kenzo, Agnès B. et Sonia Rykiel. Les marques Dior, Chanel et Hermès ont déjà dans un passé récent mis des produits de chez Béatex à leur catalogue.

Avec un catalogue luxueux, deux collections cette année, six prévues l'année prochaine et une filiale américaine pour commercialiser ses produits, Béatex a définitivement tourné la page du tout béret basque.

Édité par Patrick Vignal