BFMTV
Société

Le AAA français directement menacé par S&P, Moody's en embuscade

Le AAA de la France est désormais directement menacé par Standard & Poor's qui l'a placé lundi sous surveillance avec implication négative, en même temps que les notes de 14 autres pays de la zone euro. /Photo prise le 8 août 2011/REUTERS/Brendan McDermid

Le AAA de la France est désormais directement menacé par Standard & Poor's qui l'a placé lundi sous surveillance avec implication négative, en même temps que les notes de 14 autres pays de la zone euro. /Photo prise le 8 août 2011/REUTERS/Brendan McDermid - -

par Jean-Baptiste Vey PARIS (Reuters) - Le AAA de la France est désormais directement menacé par Standard & Poor's qui l'a placé lundi sous...

par Jean-Baptiste Vey

PARIS (Reuters) - Le AAA de la France est désormais directement menacé par Standard & Poor's qui l'a placé lundi sous surveillance avec implication négative, en même temps que les notes de 14 autres pays de la zone euro.

L'agence de notation met une pression particulière sur la France en précisant qu'elle pourrait être dégradée de deux crans contre un seulement pour les cinq autres pays AAA de la zone euro.

S&P précise que sa décision concernant la France a été motivée par ses craintes quant à l'impact de l'aggravation des problèmes politiques, financiers et monétaires au sein de la zone euro.

Le ministre français des Finances, François Baroin, a répété après l'annonce de S&P qu'il n'y aurait pas de troisième plan de rigueur en France.

"Nous avons de la marge pour un éventuel ralentissement économique donc nous n'avons pas besoin d'un troisième plan de rigueur", a-t-il dit sur France 3.

"Tout est fait pour protéger les Français, les économies des Français", a-t-il ajouté. "Tout est fait pour permettre aux banques de maintenir l'irrigation de l'activité économique."

S&P estime dans son communiqué que "les inquiétudes concernant la liquidité et la détérioration de la qualité des actifs des banques françaises pourraient augmenter la possibilité d'un besoin d'injection de capitaux supplémentaires par l'Etat".

Une remarque à laquelle François Baroin a répondu : "Il n'y aura pas besoin de participation publique à l'augmentation du capital des banques."

MOODY'S POURRAIT AGIR À SON TOUR

La présidence française et la chancellerie allemande ont quant à elles déclaré qu'elles prendraient toutes les décisions nécessaires pour assurer la stabilité de la zone euro.

"La France et l'Allemagne réaffirment que les propositions formulées aujourd'hui conjointement permettront de renforcer la gouvernance de la zone euro afin de rétablir la stabilité, la compétitivité et la croissance", lit-on dans un communiqué commun diffusé après l'annonce de S&P.

"La France et l'Allemagne, pleinement solidaires, confirment leur volonté de prendre toutes les décisions nécessaires, en lien avec leurs partenaires et les institutions européennes pour assurer la stabilité de la zone euro", poursuit le texte.

Les autres pays AAA de la zone euro sont l'Autriche, la Finlande, l'Allemagne, les Pays-Bas et le Luxembourg.

L'agence précise qu'elle compte achever son évaluation le plus vite possible à l'issue du sommet européen qui doit se tenir en fin de semaine.

Moody's, une autre des trois grandes agences, a annoncé mi-octobre qu'elle se donnait trois mois pour évaluer la perspective "stable" qu'elle donne au triple A français.

La troisième grande agence, Fitch, note elle aussi la France AAA avec perspective stable mais elle a prévenu comme ses concurrentes qu'une aggravation de la crise en zone euro mettrait la note de ses membres sous pression.

Le AAA contribue à permettre aux pays qui en bénéficient d'emprunter à des taux avantageux sur les marchés financiers pour financer leur déficit et refinancer leur dette.

Le gouvernement français s'est engagé à réduire son déficit à 3% du PIB fin 2013 contre 5,7% fin 2011 au prix d'une politique d'austérité. Deux plans d'économies et de hausses d'impôts ont été annoncés en deux mois, le dernier le 7 novembre.

La mise sous surveillance de la note de la France et la possible dégradation qui pourrait suivre devraient encore accentuer la pression sur les candidats à l'élection présidentielle du printemps prochain.

La majorité actuelle comme le candidat socialiste se sont engagés à ramener le déficit public à 3% du PIB fin 2013.

Le Premier ministre, François Fillon, s'exprimera mardi au journal de 20h00 de France 2, a annoncé Matignon.

Edité par Patrick Vignal