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Société

Le 15, le 17 et le 18 : numéros pollués

Selon le Général Prieur, 46% des appels au standard des pompiers de Paris ne relèvent pas de la compétence des pompiers.

Selon le Général Prieur, 46% des appels au standard des pompiers de Paris ne relèvent pas de la compétence des pompiers. - -

Les pompiers, la police et le Samu lancent une campagne à Paris pour lutter contre les appels malveillants qui polluent les numéros d’urgence.

« Abuser des numéros d'urgence nuit gravement à ceux qui en ont besoin ». C'est le slogan de la campagne d'affichage lancée à Paris par les pompiers (le 18), le Samu (le 15) et la Police (le 17) pour dire stop aux appels qui n'ont aucun rapport avec une réelle urgence. Un problème qui les gêne dans leur travail et les irrite au plus haut point puisque le traitement de ces appels se fait parfois au détriment de vraies urgences.

Selon le Général Prieur, qui commande la brigade des Sapeurs pompiers de Paris, il y a eu en 2007 près de 400 000 appels d'urgence au standard des pompiers. C'est deux fois plus qu'en 1980. Or, 46% des appels reçus ne sont pas de la compétence des pompiers selon lui. Du côté de la police, on annonce que sur 500 000 appels par an à Paris, 60 % n'ont aucun caractère d'urgence.

« On est sympas et gratuits »

Le Général Joël Prieur donne des exemples de ces appels abusifs que le 18 reçoit trop souvent : « Tous les appels pour les fuites d'eau, sans qu'un plombier ne se soit déplacé. Les portes blindées qu'on a refermées par inadvertance en laissant les clés à l'intérieur... J'ai tout un chapelet d'interventions de ce genre-là qui provoquent des appels au 18. les gens sont convaincus que l'appel des pompiers permettra à l'intéressé de faire l'économie d'un plombier ou d'un serrurier. Ils nous confondent avec une société de taxis privée ! Il y a par exemple une expérience que j'ai faite cet été : un couple de retraités aisés vivant dans un pavillon de banlieue faisait appel à nous afin d'emmener Monsieur chez son médecin généraliste ».

Il explique de la manière suivante cet afflux d'appels abusifs : « C'est la popularité des pompiers. Les Parisiens ont bien compris que le service public, le 18, constituait un service efficace, gratuit, et en plus les pompiers, c'est sympa. Cette notoriété nous vaut aujourd'hui d'être très, très sollicités, au-delà de la mesure ».

« 1 an de prison et 15 000 euros d'amende »

Peut-on punir ces appels malveillants ? Alain Gardère, directeur de la Police Urbaine, explique comment il a fallu s'y prendre : « Nous avons des possibilités techniques qui nous ont permis l'année dernière de réaliser 16 procédures, transmises au parquet, pour des appels malveillants. Il s'agit de l'article 222-16 du code pénal, qui incrimine les appels téléphoniques malveillants réitérés, d'un an d'emprisonnement et de 15 000 euros d'amende. Bien évidemment, c'est la peine maximale qui est permise par cet article, mais dans les 16 procédures que nous avons établies à l'encontre de personnes qui ont procédé à des appels malveillants, nous avons obtenu des sanctions fermes très importantes ».

La rédaction et Christophe Bordet