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Société

La solitude, un « mal social grandissant et sournois »

78% des Français ont le sentiment que la solitude s'accroît.

78% des Français ont le sentiment que la solitude s'accroît. - -

François Fillon a lancé ce mercredi la campagne contre la solitude, grande cause nationale de 2011. Quelles personnes souffrent de ce « mal social », et pourquoi ? L’une d’elle raconte, déplorant le manque de solidarité de la société française.

Le Premier ministre François Fillon a lancé ce mercredi le début de campagne contre la solitude, déclarée grande cause nationale de 2011. Le collectif Pas de Solitude dans une France Fraternelle, composé de 24 associations (dont le Secours catholique ou les Petits frères des pauvres), est chargé pendant un an de sensibiliser le public à ce « mal social », en diffusant des messages gratuitement à la télévision et sur les radios. Il organisera aussi dans toute la France des rencontres et des débats afin d’aller à la rencontre de ces personnes isolées, en mal de contacts humains. Et vous, souffrez-vous de la solitude ? La craignez-vous ?... Témoignez dans le forum ci-dessous !

« Une grand-mère veuve, un paysan loin de tout, un enfant livré à lui-même… »

Qui sont ces personnes touchées par la solitude ? Bruno Dardelet, président de la Société Saint-Vincent-de-Paul à l'origine de la campagne, cible une vaste partie de la population. Selon lui, il n’y a pas de profil type, « ça peut être la grand-mère veuve, le paysan loin de tout ou l’enfant qui n’a personne pour l’aider à faire ses devoirs. A un moment, il y a une rupture, un abandon, quelque chose qui ne marche plus. Parce qu’on a pris de l’âge et que plus personne ne vient nous voir… Comme l’a très bien dit Mère Theresa : la solitude, c’est disparaître aux yeux du monde. »
D'après un sondage commandé par l'association, 78% des Français ont le sentiment que la solitude s'accroît.

Laure : « Je n’ai personne à qui parler »

Laure, la cinquantaine, ne travaille plus depuis 4 ans et connait bien la solitude : « Je n’ai plus de travail ; ça désocialise complètement. Je vis la solitude d’une manière assez chronique et douloureuse. J’ai envie de poser des questions, de partager un événement, un livre, une lecture, un fait divers… et je n’ai personne à qui parler vraiment. »

Elle déplore le manque de solidarité de la société française : « Quand vous êtes démuni, les services publics ne vous respectent pas. Alors qu’on s’occupe de gens à 1000, 2000 kilomètres, on ne s’occupe pas de son voisin de palier. […] Dans un pays développé comme le nôtre, il se passe des choses très barbares ! »

« La solitude mène à la pauvreté, et non l’inverse »

Et pourtant, pour mettre un terme à la solitude, « il ne faut pas grand-chose, explique Bruno Dardelet : un geste, un sourire, un peu d’amour, une attention… suffisent pour recréer du lien social. Contrairement à ce qu’on pensait – que les gens pauvres étaient en solitude, et nous découvrons que c’est la solitude qui mène à la pauvreté et non l’inverse. C’est un mal grandissant, sournois car invisible. La solitude ne fait pas de bruit et c’est le moment de la faire entendre. »

Chaque année, le gouvernement s’attaque à une nouvelle cause nationale qui touche une grande partie de la population. En 2010, c’était la violence faite aux femmes. Des changements au niveau juridique ont donc été mis en place afin de lutter contre ce problème.

La Rédaction, avec Elena Le Runigo