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Société

La reprise restera "modérée" en France début 2011, selon l'Insee

Selon la dernière note de conjoncture de l'Insee cette année, l'économie française devrait poursuivre une reprise modérée au premier semestre 2011, le moteur de la demande intérieure continuant de tourner au ralenti dans un contexte international moins fa

Selon la dernière note de conjoncture de l'Insee cette année, l'économie française devrait poursuivre une reprise modérée au premier semestre 2011, le moteur de la demande intérieure continuant de tourner au ralenti dans un contexte international moins fa - -

par Marc Angrand PARIS (Reuters) - L'économie française devrait poursuivre une reprise modérée au premier semestre 2011, le moteur de la demande...

par Marc Angrand

PARIS (Reuters) - L'économie française devrait poursuivre une reprise modérée au premier semestre 2011, le moteur de la demande intérieure continuant de tourner au ralenti dans un contexte international moins favorable, ce qui ne permettrait qu'un léger recul du chômage, prévoit l'Insee dans sa dernière note de conjoncture de l'année.

L'institut de la statistique a porté à 0,5% sa prévision de croissance pour les trois derniers mois de 2010, contre 0,4% jusqu'à présent. L'année se solderait ainsi par une croissance de 1,6%, conforme à la dernière prévision gouvernementale... sans forcément atteindre le "gros 1,6%" que Christine Lagarde, la ministre de l'Economie, a évoqué lundi puisque la prévision à deux décimales de l'institut est de 1,58%.

Pour 2011, l'Insee anticipe une expansion du produit intérieur brut (PIB) de 0,3% au premier trimestre et de 0,4% au deuxième.

L'acquis de croissance à la fin du premier semestre serait ainsi de 1,3%, ce qui exigerait une nette accélération au second semestre, de l'ordre de 0,8% par trimestre, pour permettre d'atteindre le chiffre de 2,0% de croissance visé par le gouvernement et qui a servi de base au budget.

Au premier semestre 2011 comme au quatrième trimestre 2010, "la croissance française resterait globalement sur le rythme que l'on observe depuis la sortie de récession, donc un rythme modéré", a déclaré Sandrine Duchêne, chef du département de conjoncture de l'Insee, lors d'une conférence de presse.

Le scénario de croissance de l'Insee présente trois éléments saillants, a-t-elle ajouté: l'amélioration lente mais continue de la situation du marché du travail, un soutien continu de la demande intérieure et une contribution du commerce extérieur qui redeviendrait neutre après deux trimestres de forte contribution négative due au dynamisme des importations.

UNE EUROPE HÉTÉROGÈNE

A l'échelle internationale, la reprise devrait voir s'atténuer trois des principaux soutiens dont elle a bénéficié ces derniers mois, avec le ralentissement de la demande des pays émergents, l'inversion de l'impact des politiques budgétaires qui deviendrait progressivement restrictif et l'essoufflement du mouvement de restockage.

De surcroît, "les situations conjoncturelles nationales seraient très hétérogènes entre pays européens", a souligné Olivier Redoulès, chargé de la synthèse sur l'environnement international de la zone euro à l'Insee.

Un déphasage déjà perceptible dans l'évolution du climat des affaires et qui devrait se traduire par un écartement de plus en plus marqué des trajectoires de croissance.

En terme d'acquis à la fin du premier semestre, l'Allemagne ferait la course en tête avec 2,3%, la France et la Grande-Bretagne seraient en milieu de peloton à 1,3%, l'Italie serait à la traîne (0,9%) et l'Espagne stagnerait tout juste.

En France, l'évolution de la consommation des ménages devrait être fortement influencée au cours des prochains mois par la fin de la prime à la casse automobile: très soutenue au cours des derniers mois de cette année, elle pourrait ralentir fortement au premier semestre 2011 (+0,1% au premier trimestre et +0,2% au deuxième après +0,9% fin 2010).

"Avec des gains de pouvoir d'achat modérés, le taux d'épargne se maintiendrait à un niveau élevé, les ménages restant peu confiants envers la situation économique future et le chômage", précise l'Insee.

La spécificité française en la matière, avec un taux d'épargne d'environ 16%, ne semble donc pas près d'être remise en cause.

CHÔMAGE TOUJOURS SUPÉRIEUR À 9%

Parallèlement, l'investissement des entreprises non financières devrait s'accélérer légèrement d'ici la mi-2011, grâce notamment à l'amélioration des conditions de financement et des perspectives d'activité, a expliqué Jean-François Ouvrard, chef de la division "Synthèse conjoncturelle".

Cette évolution lente mais positive de la demande intérieure permettrait une poursuite de l'amélioration sur le marché du travail mais sans accélération, avec 50.000 créations d'emplois marchands au premier semestre 2011 après 51.000 sur les six derniers mois de 2010. Des chiffres à rapporter aux 521.000 postes supprimés sur la période 2008-2009.

Un tel rythme ne permettrait qu'un reflux limité du taux de chômage, à 9,1% en métropole mi-2011 contre 9,3% au troisième trimestre de cette année.

Sans surprise, la persistance du chômage devrait contenir l'évolution des salaires et des prix: la hausse des prix à la consommation reviendrait à 1,3% en rythme annuel au premier trimestre 2011 et 1,4% au deuxième, contre 1,6% au début de cette année.

Plusieurs aléas entourent ces prévisions, précise l'Insee, à commencer par les tensions sur les dettes souveraines européennes. "L'accentuation de ces tensions pourrait peser à terme sur le financement des agents économiques et conduire à des comportements plus attentistes", explique Jean-François Ouvrard.

Édité par Gilles Trequesser