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Société

La raffinerie de Donges repart à contrecoeur

Figures médiatiques de l'opposition à la réforme gouvernementale des retraites, les employés de la raffinerie Total de Donges ont voté vendredi, la mort dans l'âme, la fin de leur grève entamée il y a 17 jours. /Photo prise le 28 octobre 2010/REUTERS/Step

Figures médiatiques de l'opposition à la réforme gouvernementale des retraites, les employés de la raffinerie Total de Donges ont voté vendredi, la mort dans l'âme, la fin de leur grève entamée il y a 17 jours. /Photo prise le 28 octobre 2010/REUTERS/Step - -

par Guillaume Frouin DONGES, Loire-Atlantique (Reuters) - Figures médiatiques de l'opposition à la réforme gouvernementale des retraites, les...

par Guillaume Frouin

DONGES, Loire-Atlantique (Reuters) - Figures médiatiques de l'opposition à la réforme gouvernementale des retraites, les employés de la raffinerie Total de Donges (Loire-Atlantique) ont voté vendredi, la mort dans l'âme, la fin de leur grève entamée il y a 17 jours.

Quelque 390 grévistes, sur les 1.500 salariés et sous-traitants que compte le site, se sont résolus à une large majorité à reprendre le travail au terme d'une ultime assemblée générale, tout en se disant marqués par l'élan de solidarité qui s'est dessiné autour d'eux dans le conflit.

Combiné aux vacances de la Toussaint, le vote définitif de la loi qui repousse à 62 ans l'âge légal de la retraite, mercredi par le Parlement, avait déjà pesé jeudi sur la densité des manifestations. Les 12 raffineries françaises ont désormais repris le travail.

Celles de Donges fut la dernière.

"Si d'autres camarades ont lâché prise ailleurs en France, c'est aussi parce qu'ils n'ont pas reçu le même soutien que nous", dit Dimitri Guiller, ancien délégué syndical (CFDT) de la raffinerie.

"Ici, on a reçu des classeurs entiers de lettres de soutien. Des retraités qui avaient vécu la Seconde Guerre mondiale se sont même dits prêts à cacher chez eux des salariés réquisitionnés."

Le dépôt de carburants de la SFDM, voisin de la raffinerie, avait été débloqué par les forces de l'ordre il y a une semaine, avant que ses salariés ne soient réquisitionnés sur ordre préfectoral pour approvisionner les stations-service de la région.

POT-AU-FEU GÉANT

Autre preuve de la solidarité autour du mouvement, une pizzeria s'était installée en début de semaine sur le parking de la raffinerie, où six jeunes Rennais confectionnaient gratuitement des pizzas maison, cuites dans un four à bois ambulant.

Un pot-au-feu pour 70 personnes a également été spontanément offert aux grévistes, mercredi, par des fermiers "bio" de la région nantaise. Des "caisses de solidarité" ont permis de récolter 50.000 euros pour amortir les pertes salariales des grévistes, évaluées à 173.000 euros.

Malgré cette solidarité populaire, une fatigue physique et nerveuse commençait à gagner les rangs des employés de la raffinerie.

"Depuis 17 jours, on était en surrégime, en faisant nos trois-huit sans réel repos", souffle Arnaud Ruel, un ouvrier de 32 ans, qui dit avoir voté l'arrêt de la grève "la mort dans l'âme".

"Il y avait aussi pas mal de tension au niveau familial: on n'avait plus de temps pour voir nos épouses et nos enfants."

"UNE PREMIÈRE DEPUIS MAI 68"

"Il y a de la rancoeur, de la déception et de la colère ", observe, un peu plus loin, Jacques Le Guennec, ancien délégué syndical CGT de la raffinerie, sous un barnum où les fûts de bière côtoient les sandwiches jambon-beurre.

"C'est toujours très difficile de terminer un conflit aussi long et aussi dur sans résultat", analyse cet homme de 59 ans, aujourd'hui en pré-retraite, qui a fait toute sa carrière à Donges.

"C'est la première fois que je vois cela depuis mai 1968. L'attitude du gouvernement va désormais radicaliser les mouvements à venir", poursuit Jacques Le Guennec. "Et, même si un bon nombre de Français auront oublié en 2012, nous on saura s'en souvenir au moment de voter pour les présidentielles."

Les salariés de la raffinerie de Donges, la deuxième plus importante de France (12% de la production nationale de carburant), avait stoppé la production le 12 octobre.

Edité par Patrick Vignal