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Société

La presse quotidienne dans une passe difficile

Disparition imminente de la version papier de France Soir, redressement judiciaire programmé pour la Tribune, plan d'économies au sein du groupe Les Echos: les mauvaises nouvelles se succèdent dans la presse quotidienne française qui peine à trouver ses m

Disparition imminente de la version papier de France Soir, redressement judiciaire programmé pour la Tribune, plan d'économies au sein du groupe Les Echos: les mauvaises nouvelles se succèdent dans la presse quotidienne française qui peine à trouver ses m - -

par Gwénaëlle Barzic PARIS (Reuters) - Disparition imminente de la version papier de France Soir, redressement judiciaire programmé pour la Tribune,...

par Gwénaëlle Barzic

PARIS (Reuters) - Disparition imminente de la version papier de France Soir, redressement judiciaire programmé pour la Tribune, plan d'économies au sein du groupe Les Echos: les mauvaises nouvelles se succèdent dans la presse quotidienne française qui peine à trouver ses marques face à la poussée irrésistible d'internet.

Les journaux commençaient à peine à relever la tête après la trou d'air provoqué par la crise économique et financière de 2008-2009 qu'une nouvelle vague de turbulences en Europe risque à nouveau de les faire trébucher.

L'agence ZenithOptimedia estime ainsi que les recettes publicitaires de la presse en France devraient poursuivre leur baisse en 2012 avec un recul attendu de 3,1% l'an prochain après -2,5% anticipé pour 2011.

Les difficultés de la presse française ne datent toutefois pas d'aujourd'hui et le diagnostic est depuis longtemps établi : érosion du lectorat traditionnel des quotidiens payants, poussée d'internet où l'information est souvent proposée gratuitement et

diminution des recettes publicitaires au profit d'autres médias.

Symbole de cette crise de la presse en France, mais qui frappe également d'autres pays, la disparition annoncée du journal France Soir dans sa version papier, une première pour un quotidien national en France.

"On se dirige vers la mort d'un titre dans deux jours", prévient Romain Altmann, secrétaire général adjoint du syndicat Infocom-CGT, qui a empêché mardi matin la tenue d'un comité d'entreprise censé se prononcer sur le plan mis au point par Alexandre Pugachev, le propriétaire du journal.

L'homme d'affaires russe, qui a pris le contrôle en 2009 du journal fondé en 1944 par Pierre Lazareff, veut faire passer le titre au tout numérique, synonyme de 89 suppressions d'emplois sur un total de 127 salariés. La date de ce basculement avait initialement été fixée à ce jeudi.

"Le comité d'entreprise n'a pas pu se tenir. Nous convoquerons un nouveau comité d'entreprise pour respecter la procédure judiciaire", a fait savoir mardi dans la soirée une porte-parole de la direction, en précisant qu'aucune date n'avait été arrêtée pour le moment.

LA TRIBUNE POURRAIT AUSSI ABANDONNER LE PAPIER

Une réunion s'était tenue lundi en présence notamment de la direction de France Soir, des élus du personnel et de l'ancienne directrice générale du titre Christiane Vulvert qui a détaillé sa proposition de reprise du titre avec plusieurs partenaires, sans toutefois permettre d'avancée.

"L'offre est toujours la même. Elle n'est pas financée, elle n'est pas viable", a dit une porte-parole de la direction.

Selon une source proche du dossier, Alexandre Pugachev a été reçu ce mardi au ministère de la Culture.

Interrogé sur le sujet dimanche sur Canal+, le ministre Frédéric Mitterrand s'était toutefois montré peu optimiste.

"C'est compliqué de demander à M. Pugachev, qui a déjà mis 70 millions d'euros dans France Soir, de remettre la main au pot", a-t-il estimé, en rappelant que le journal, qui vendait plus d'un million d'exemplaires dans les années 60 quand il était le titre phare de la presse quotidienne française, était "dans une crise permanente" depuis 20 ans.

Les salariés du quotidien économique La Tribune craignent de subir le même sort alors que le placement en redressement en judiciaire du journal devrait être confirmé lundi prochain.

Les candidats à une reprise du titre, le deuxième quotidien économique en France, ont jusqu'à ce vendredi, midi, pour se faire connaître.

Deux offres tiendraient cependant la corde auprès de l'actuelle directrice du journal et des pouvoirs publics qui prévoient dans les deux cas un abandon de la version papier au profit d'un passage au tout numérique, a dit à Reuters David Larbre, délégué du SNJ de La Tribune.

"Visiblement les dés sont clairement pipés", a-t-il déploré, en précisant que Raymond Soubie, ancien conseiller social du président Nicolas Sarkozy, faisait figure de possible favori.

LES ÉCHOS VEULENT TAILLER DANS LEURS COÛTS

Principal concurrent de La Tribune, le quotidien Les Echos avait jusque-là été relativement épargné.

Le journal, contrôlé par LVMH, a cependant annoncé à son tour mardi un plan d'économies de 12 à 14 millions d'euros ainsi que l'ouverture d'un plan de 30 à 40 départs volontaires sur un effectif total de 430 salariés.

"Aux Echos comme ailleurs, nous sommes confrontés aux bouleversements de nos médias, à la crise publicitaire de 2009 et à la crise économique", a expliqué le PDG Francis Morel à l'occasion d'une conférence organisée par le groupe.

Dans ce contexte morose, les journaux multiplient les initiatives pour tenter de s'adapter à la nouvelle donne imposée par internet en espérant notamment profiter du succès des tablettes, parfois avec un certain succès.

Les marques de presse ont ainsi gagné des parts de marché publicitaires sur internet dont elles devraient représenter entre 10 et 15% en 2011 mais cette percée reste encore insuffisante pour compenser la baisse des recettes physiques.

Edité par Patrick Vignal