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La première hydrolienne du monde installée en France

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par Pierre-Henri Allain BREST, Finistère (Reuters) - La première hydrolienne à vocation industrielle a quitté Brest mercredi pour rejoindre d'ici...

par Pierre-Henri Allain

BREST, Finistère (Reuters) - La première hydrolienne à vocation industrielle a quitté Brest mercredi pour rejoindre d'ici quelques jours le site où EDF a prévu de réaliser le premier parc hydrolien au monde avant fin 2012.

L'énorme turbine, construite par la société irlandaise Openhydro, d'une hauteur de 16 mètres pour un poids de mille tonnes, a largué les amarres à bord d'une barge conçue spécialement pour la transporter au large de l'île de Bréhat (Côtes-d'Armor), où doit être implanté le site.

"Dans la taille et les délais du projet, il n'y a rien aujourd'hui de comparable", a souligné Xavier Ursat, directeur des productions hydrauliques d'EDF, lors d'une conférence de presse aux chantiers navals de DCNS, partenaire du projet.

Après quelques jours d'immersion en surface pour de premiers essais, l'hydrolienne sera posée par 35 mètres de fond au large de Bréhat, sans raccordement électrique, pour tester sa réaction aux courants et au milieu naturel.

Cette machine devrait ensuite être récupérée en octobre pour être examinée à Brest où seront construites trois autres hydroliennes au printemps 2012. L'ensemble rejoindra le site de Paimpol-Bréhat à l'automne 2012.

Elles seront alors reliées sous la mer à un "convertisseur" électrique, confiné dans une boîte hermétique, qui sera lui-même raccordé au réseau continental par un câble de 15 kilomètres.

"Nous prévoyons une capacité de production électrique totale de deux mégawatts, ce qui équivaut à peu près à la consommation annuelle de 2.000 à 3.000 foyers", a précisé Xavier Ursat.

"Ce projet a à la fois une dimension démonstrative et une vraie vocation industrielle", a t-il ajouté, se disant "convaincu que les énergies marines ont un bel avenir".

RESPECT DE L'ENVIRONNEMENT

Responsables d'EDF et de DCNS mettent en avant le caractère prévisible des sources d'électricité de l'énergie hydrolienne, en l'occurrence les courants et les marées, comme un atout de poids vis-à-vis des éoliennes soumises aux caprices des vents.

"Il s'agit également d'un mode de production extrêmement respectueux de l'environnement", ajoute Xavier Ursat, soulignant que les hydroliennes du site pilote de Paimpol-Bréhat seront simplement posées sur les fonds marins, sans ancrage particulier, pour "minimiser leur impact environnemental".

Ce projet, qui s'installera sur trois hectares de l'une des plus grandes réserves de crustacés en Europe, qui en couvre 7.000, a également fait l'objet d'une concertation qui a abouti à un large consensus entre opérateurs, plaisanciers, pêcheurs et associations environnementales.

Des "compensations" d'un montant de 1,325 million d'euros ont été débloquées par EDF pour étudier les réactions du milieu naturel et plus particulièrement les migrations de homards.

Ce projet représente pour l'opérateur un investissement global de 40 millions d'euros, auxquels participent des fonds régionaux et européens à hauteur de 7,2 millions d'euros.

EDF espère arriver à un coût de production compétitif de sa filière hydrolienne "d'ici dix à vingt ans".

De son côté, le préfet de la Région Bretagne, Michel Cadot, s'est réjoui mercredi d'un projet qui va "réduire la dépendance énergétique" de la Bretagne dont la grande majorité des ressources proviennent d'autres régions françaises.

En tout état de cause, le site de Paimpol-Bréhat, dont DCNS assurera la maintenance, devrait être selon EDF "la première marche" avant le lancement d'autres projets d'hydroliennes au large de Cherbourg, en Normandie, ou de l'île d'Ouessant.

Edité par Yves Clarisse