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La participation, l'autre enjeu du second tour des cantonales

Déjà record au premier tour, l'abstention pourrait progresser encore dimanche au second tour des élections cantonales françaises, sur fond de divergences de stratégie électorale dans la majorité. Le 20 mars, moins d'un électeur sur deux s'est rendu aux ur

Déjà record au premier tour, l'abstention pourrait progresser encore dimanche au second tour des élections cantonales françaises, sur fond de divergences de stratégie électorale dans la majorité. Le 20 mars, moins d'un électeur sur deux s'est rendu aux ur - -

par Laure Bretton PARIS (Reuters) - Déjà record au premier tour, l'abstention pourrait progresser encore dimanche au second tour des élections...

par Laure Bretton

PARIS (Reuters) - Déjà record au premier tour, l'abstention pourrait progresser encore dimanche au second tour des élections cantonales françaises, sur fond de divergences de stratégie électorale dans la majorité.

Le 20 mars, moins d'un électeur sur deux s'est rendu aux urnes, soit une abstention de 55,6%. Jusqu'alors, seules deux élections européennes avaient enregistré des niveaux supérieurs, 59,3% en 2009, 57,2% en 2004.

Le premier tour a été marqué par une poussée du Front national qui se maintient au deuxième dans quelque 400 cantons.

Entre les deux tours, le débat s'est polarisé sur les consignes de vote, faisant naître une confusion au sommet à droite, qui aura des conséquences sur la participation, estiment les analystes.

Le Premier ministre, François Fillon, s'est démarqué des consignes de Nicolas Sarkozy - ni alliance avec le Front national ni front républicain dans les cantons où l'UMP ne s'est pas maintenue - en appelant à "voter contre le Front national".

Pour le politologue Stéphane Rozès, en une semaine les cantonales ont perdu toute résonance locale.

Le débat sur le front républicain, "c'est un facteur qui nationalise et qui politise les élections cantonales et qui a donc pour effet une plus forte participation", explique-t-il.

"Sur la question de la République chacun a quelque chose à dire et pourra vouloir l'exprimer dimanche", estime le président de la société de conseil Cap, qui doute cependant que cela suffise pour accroître la participation.

"Ce qui joue en sens inverse, c'est que, comme l'Elysée n'a pas été clair sur cette question du front républicain (...) , une partie de l'électorat de droite, en cas de duel FN-PS, pourra vouloir rester à la maison. Dans l'autre sens, puisque la présidence refuse le front républicain, une partie de l'électorat de gauche n'ira pas voter pour un candidat de droite face au FN", analyse-t-il.

"PRESSIONS CONTRADICTOIRES"

Au final, cela devrait s'équilibrer dimanche, avance Stéphane Rozès.

"Le fait qu'on débatte à ce point sur le front républicain, c'est une incitation à aller voter mais le fait qu'il y ait ambigüité de la part de l'UMP est une incitation pour beaucoup, à droite mais aussi à gauche, à rester chez soi", dit-il.

Roland Cayrol doute également d'une meilleure participation au deuxième tour.

"Même médiatisées, (les cantonales) ne passionnent pas les foules", a déclaré l'analyste politique sur Europe 1.

La participation pourrait augmenter dans les endroits "où c'est plus chaud" mais les atermoiements de la majorité sur le front républicain pourraient dissuader ses sympathisants.

"Les électeurs UMP, soumis à des pressions contradictoires dans les endroits où il y a le FN pourraient décider de ne pas choisir et rester chez eux", a-t-il estimé.

Selon le ministère de l'Intérieur, la palme de l'abstention est revenue le 20 mars à la Seine-Saint-Denis: au premier tour elle a atteint 67,3%. A l'inverse, la Haute-Corse est le département qui a le plus voté, avec une abstention de 32,2%.

De manière générale, les départements ruraux se sont beaucoup plus mobilisés que les départements urbains, en particulier la région parisienne.

Au soir du premier tour, François Fillon avait regretté lé forte abstention et appelé les électeurs à se mobiliser parce que "rien n'est joué". Médiatiquement, les dissensions sur les consignes de vote ont pris le dessus par la suite.

Dans un entretien publié par le quotidien 20 Minutes, le premier secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry, accuse la droite d'avoir sciemment détourné les Français des urnes, ce qui a eu pour effet, selon elle, de faire mécaniquement monter le Front national.

"J'espère que ceux qui se sont abstenus en pensant 'ça sert à rien de mettre un bulletin dans l'urne' vont re-réfléchir", a-t-elle déclaré lors d'un déplacement jeudi dans le Jura, qui pourrait passer à gauche dimanche soir.

Edité par Patrick Vignal