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La nouvelle tendance des coupes de cheveux en silence

Une cliente dans un salon de coiffure parisien en mars 2021 (photo d'illustration)

Une cliente dans un salon de coiffure parisien en mars 2021 (photo d'illustration) - Alain Jocard-AFP

Au Royaume-Uni, aux États-Unis ou en Australie, un nouveau phénomène émerge: des salons de coiffure silencieux où l'on peut se faire couper les cheveux sans faire la conversation avec le coiffeur.

Se faire couper les cheveux, poser une permanente ou un brushing sans parler. C'est la nouvelle tendance dans certains pays: les salons de coiffure silencieux. En clair, proposer une option "silencieuse" aux clients et clientes qui ne souhaitent pas faire la conversation avec la personne qui les coiffe.

Le "fauteuil silencieux"

Le concept est né outre-Manche. À Londres, le salon de coiffure "Not another salon", qui défend une "politique inclusive", propose depuis trois ans des coupes de cheveux silencieuses. L'établissement se targue d'être le premier au monde à avoir créé cette option même si un autre salon britannique, Bauhaus, à Cardiff, assure lui aussi avoir inventé le concet du "fauteuil silencieux".

"La coupe de cheveux silencieuse est pour à peu près tous ceux qui veulent un peu de paix et de tranquillité lors de leur rendez-vous chez le coiffeur, mais cela peut être particulièrement utile pour les clients atteints d'Asperger, d'autisme ou tout simplement ceux qui trouvent les petites conversations difficiles", explique dans un communiqué de presse Sophia Hilton, la fondatrice de Not another salon.

Pour le client, il suffit simplement de le préciser lors de la prise de rendez-vous, "et personne ne vous jugera pour ça", précise encore Not another salon. Le ou la coiffeuse pourra tout de même poser des questions au client au sujet de ses cheveux et de la coupe - quelle couleur pour les mèches, quelle longueur pour le carré, brushing wavy ou hollywoodien? - mais la conversation n'ira pas plus loin.

Certains salons ont même mis en place un formulaire adressé aux clients posant formellement les choses, indique The Guardian. Avec la question: "Souhaitez-vous discuter avec nous ou préférez-vous que nous gardions le silence?"

Aux États-Unis, en Australie, en Nouvelle-Zélande

La tendance a essaimé dans d'autres pays. Aux États-Unis, dans le Minnesota, un salon propose lui aussi un "fauteuil silencieux". En Nouvelle-Zélande, plusieurs salons se sont eux-aussi convertis à cette pratique, rapporte The New Zealand Herald, "pour se libérer de la pression sociale de la conversation", indique l'un de ces coiffeurs.

Le propriétaire d'un salon d'Auckland, en Nouvelle-Zélande, explique ainsi qu'il a commencé à proposer des coupes silencieuses lors de la pandémie de Covid-19, après le premier confinement. Chez lui, les rendez-vous silencieux ont lieu le dimanche.

"Nous avons introduit les réservations silencieuses pour donner aux personnes anxieuses du Covid ou simplement épuisées la garantie d'un temps relaxant", argumente-t-il.

Le contexte sanitaire difficile aurait en effet donné un coup d'accélérateur à la demande. "Les discussions constantes sur la pandémie ont vraiment eu un effet si négatif sur l'ambiance du salon, et le manque d'optimisme était épuisant pour les clients et le personnel", explique ainsi le responsable d'un salon de coiffure à Sydney, en Australie, qui propose lui aussi des rendez-vous silencieux.

Des salons silencieux en France?

À quand ce type de salons et de coupes de cheveux sans bavardages en France? Christophe Doré, le président de l'Union nationale des entreprises de coiffure - la première organisation professionnelle du secteur - n'a pas connaissance de ce type d'établissement, assure-t-il à BFMTV.com. La tendance semble en effet n'avoir pas encore véritablement émergé.

Pourtant, à Paris, dans le 1er arrondissement, le salon Didact - pionnier sur le sujet - propose une option de ce genre à ses clients et clientes. Une "capsule" - une cabine privative de 20m2 - où il est possible de choisir sa musique, régler le chauffage à la température désirée ou encore demeurer en silence le temps de la prestation pour 30 euros supplémentaires.

"Lors de la prise de rendez-vous, nous demandons à la cliente qui choisit cette option si elle est ouverte à la conversation ou si elle préfère qu'on la laisse tranquille", explique à BFMTV.com Wilfryd, qui travaille dans ce salon. "On nous le demande une fois sur trois."

C'est après le premier confinement que le salon a mis en place cette capsule. "Avant, les gens n'osaient pas demander", poursuit Wilfryd. "Pourtant, on peut tous avoir envie de se relaxer en silence et de profiter du soin sans avoir à discuter de la pluie et du beau temps. Là, du fait que ce soit nous qui le proposions aux clientes, elles sont tout de suite plus à l'aise."

https://twitter.com/chussonnois Céline Hussonnois-Alaya Journaliste BFMTV