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Société

La lutte contre les déserts médicaux s'intensifie

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Pour lutter contre les déserts médicaux, le Conseil national de l'ordre des médecins veut obliger les jeunes diplômés à rester pendant 5 ans dans la région où ils ont été formés. Cette recommandation, qui a été transmise à la ministre de la Santé, provoque la colère des étudiants en médecine.

Le Conseil national de l’ordre des médecins passe la vitesse supérieure dans la lutte contre les déserts médicaux. A la méthode douce de l’incitation (aides financières), jusqu’ici privilégiée, s’ajoutera maintenant la méthode forte : l’obligation pour les jeunes médecins de s'installer pendant cinq ans dans la région où ils ont fait leurs études. Cette mesure ne concernerait que les régions touchées par la désertification médicale : la Picardie, la région PACA, plusieurs régions du Centre de la France.
L'Ordre des médecins a fait cette annonce mardi, après avoir constaté « l'échec » des mesures incitatives. Par exemple en Picardie, beaucoup de diplômés de l'université d'Amiens ne s'installent pas dans la région, mais partent en Ile-de-France ou sur la Côte-d'Azur. Son président, Michel Legmann, a envoyé ses recommandations à la nouvelle ministre de la Santé, Marisol Touraine et espère la rencontrer rapidement. 

« Des dettes vis-à-vis de sa région de formation »

« C'est quelque part une atteinte à leur liberté, reconnaît Michel Legmann. Mais ce n'est pas extravagant de considérer qu'on a quelques dettes vis-à-vis du lieu où on a été formé, où on a fait ses premières armes en faisant des remplacements ou en allant chez des maîtres de stages de la région. Surtout si en plus il y a des contreparties en matière d'honoraires ou d'avantages fiscaux ».

« Après 10 ans d'études, être encore obligé de rester au même endroit ce serait dingue »

Mais les étudiants en médecine ne l’entendent pas de cette oreille. Pour eux, pas question de se voir imposer le lieu d’établissement de leur cabinet. « Après 10 ans d'études, être encore obligée de rester au même endroit ce serait dingue, s’énerve sur RMC Mathilde, étudiante en médecine à Poitiers. Si par exemple je rencontre quelqu'un qui habite en Normandie, et que je suis obligée de rester bloquée ici pendant 5 ans, ça va pas être possible ».
Au-delà de la colère, c’est surtout de l’inquiétude que ressent le syndicat d'internes en médecine. Charline Boissy représente les internes de médecine générale. Pour elle, une telle contrainte, « ce serait le meilleur moyen pour faire des médecins désabusés. La facilité serait alors pour eux de se tourner vers l'hospitalier, vers d'autres professions ou même d'aller travailler à l'étranger », au détriment de nos régions.

La Rédaction avec Yann Abback