BFMTV
Société

La LGV : ligne sans issue ?

-

- - -

La Ligne à Grande Vitesse (LGV) Paris-Nice verra-t-elle le jour ? Alors qu'il devait trancher entre les tracés Nord et Sud sur lesquels les élus locaux s'affrontent toujours, Jean-Louis Borloo reporte sa décision.

Le tracé de la future Ligne à Grande Vitesse (LGV) qui doit mettre Nice à moins de 4 heures de Paris d'ici 2020, continue de faire débat. Jean-Louis Borloo reçoit aujourd'hui mercredi 11 février à Paris la député maire UMP d'Aix-en-Provence, Maryse Joissains-Masini, qui fait le déplacement avec 86 élus pour défendre le tracé Sud. Le président socialiste de la communauté urbaine de Marseille Provence Métropole, Eugène Caselli a estimé hier mardi que la décision sera « renvoyée après les régionales ». Mais selon nos informations, le ministre de l'Ecologie pourrait ne pas trancher avant « au moins un an ».

Deux tracés, deux camps, une impasse...

Depuis plusieurs mois, deux tracés sont en concurrence pour cette LGV. D'un côté, il y a les tenants du tracé littoral Sud, dit "des Métropoles", qui passerait par Marseille et Toulon avant de rejoindre Nice. Et de l'autre, ceux qui défendent un tracé Nord, reliant directement Nice à Aix-en-Provence. Le tracé Sud est plus long : entre 12 et 20 minutes de plus pour un Paris-Nice. Et il est surtout plus cher : 40 milliards d'euros environ de surcoût. C'est pourquoi le tracé Nord a la préférence des élus des Alpes-Maritimes, mais aussi du Préfet de région, et, dit-on, de l'Etat. Mais il a aussi beaucoup d'opposants au pied de la Sainte-Victoire. "On va défigurer les paysages de Cézanne", crie-t-on à Aix-en-Provence. "On va nous mettre sur la paille", renchérissent les vignerons. "On va nous empoisonner la vie", enfoncent les futurs riverains. "Il faut absolument passer par les grandes capitales du sud, sinon on ne financera pas", menace même Jean-Noël Guérini pour le Conseil général des Bouches-du-Rhône. Voilà pourquoi la LGV PACA, pour l'instant, ne passe ni par le Nord, ni par les métropoles, et ne mène qu'à une impasse.

« L'argument financier, on s'assoit dessus ! »

A quelques heures de sa rencontre avec Jean-Louis Borloo, Maryse Joissains-Masini, maire d'Aix-en-Provence, ne décolère pas : « l'argument financier [ndlr, le tracé Sud coûterait 40 milliards de plus que le Nord], je vous le dis très poliment et gentiment : on s'assoit dessus. Parce que quand on veut balancer le pognon des contribuables, on ne cherche pas. Dans la mesure où on aménage des villes comme Marseille et Toulon, pour faciliter le déplacement des gens, on ne va pas nous endormir ou ridiculiser le projet avec 30-40 milliards ; ça ne veut plus rien dire, c'est stupide. J'ai l'impression que, de Paris, on est des indiens dans une réserve. On est des Français comme les autres, capables de réfléchir comme les "grands techniciens" de la SNCF ! »

« Que la LGV soit faite, et vite ! »

Au départ farouche opposant au tracé Sud, Eric Ciotti, président du Conseil général des Alpes-Maritimes, dit aujourd'hui ne plus en pouvoir de cette guerre des tracés : « on ne veut pas faire de querelles ridicules, grotesques sur une question de tracé. Nous voulons une LGV, et vite ! Peu importe où elle passe. Mon seul message, avec les 27 parlementaires qui ont cosigné la lettre que j'avais adressée à Jean-Louis Borloo [cf. notre article du 14 janvier], est de dire "maintenant, décidons !". Si elle passe par les métropoles, ça me convient parfaitement. Si elle passe par le nord, ça me convient parfaitement. Nous souhaitons avant tout qu'elle soit faite. »

La rédaction, avec Lionel Dian