La guerre des miss France aura-t-elle lieu ?

par Elizabeth Pineau

PARIS (Reuters) - "Miss Endemol" ou "miss Geneviève", qui sera la plus belle ?

L'élection de la plus jolie fille de France fait l'objet d'une bataille entre Endemol, société de production propriétaire de la marque Miss France, et Geneviève de Fontenay, garante autoproclamée de la dignité d'un concours qui a selon elle perdu son âme.

Epilogue d'une rixe qui dure depuis des mois, deux concours seront organisés le même week-end, dotés chacun de moyens dignes du combat entre David et Goliath.

D'un côté l'élection de miss France, retransmise samedi 4 décembre sur TF1 en direct du Zénith de Caen, sous le patronage de l'acteur Alain Delon.

Trois heures de spectacle présentées par l'ex-miss Sylvie Tellier et Jean-Pierre Foucault devant plus de huit millions de téléspectateurs (le score de l'an dernier, soit 40% de part de marché) pour élire parmi 33 prétendantes celle qui succédera pour un an à Malika Ménard, miss France 2010.

Le lendemain, salle Wagram à Paris, ce sera au tour de miss Nationale d'être élue devant 500 personnes lors d'une modeste cérémonie non télévisée - la chaîne francilienne IDF1, un temps intéressée, a renoncé - mais adoubée par Geneviève de Fontenay.

"Maintenant il y a deux miss : la miss Endemol et la miss Geneviève !", a dit à Reuters la "dame au chapeau" de 78 ans.

"Miss France, c'est une image de dignité et de respectabilité qui a été bafouée. J'ai décidé de faire autre chose et l'opinion publique me suit", assure cette personnalité populaire, dont les déboires ont été contés jusque dans les pages du magazine américain New York Times.

Après divers scandales liés au prétendu manque de vertu de certaines miss, Geneviève de Fontenay a jeté l'éponge au printemps après un ultime écart à ses principes : la participation à l'émission de télé-réalité produite par Endemol "La Ferme Célébrités" d'une jeune femme démise de son titre de miss Paris après parution de photos jugées compromettantes.

SANS ARGENT

Geneviève de Fontenay a alors créé la miss Nationale en s'appuyant sur ses relais régionaux tissés au cours d'une vie passée à sillonner la France profonde.

En attendant le 4 décembre, le site de TF1 propose d'admirer ses miss en bikini sur des plages de rêve. Faut-il y voir l'influence de Mediaset, le groupe du président du Conseil italien Silvio Berlusconi, qui a racheté Endemol en 2007 ?

Sylvie Tellier, directrice générale de la Société Miss France, s'en défend, réaffirmant l'indépendance artistique de l'émission.

"Il ne faut pas se mentir non plus : les gens ont envie de voir de la beauté plastique. On les fait s'exprimer pour permettre aux téléspectateurs de se choisir une ambassadrice mais ça reste un concours de beauté", dit l'ex-miss France 2002.

Les candidates, à qui il est demandé de ne pas fumer et de boire raisonnablement en public, signent une charte où elles affirment ne jamais avoir fait de photos de charme.

"On leur demande de s'engager mais on n'est pas à l'abri que certaines nous mentent. Dans ce cas-là on fait le nécessaire", dit Sylvie Tellier.

La gagnante remportera pour plus de 100.000 euros de cadeaux et une année sous les feux de rampe qui la verra participer à des concours internationaux, défilés de mode, festivals, fêtes locales et autres évènements sportifs et commerciaux.

Autre ambiance chez miss Nationale, qui sera élue parmi 25 candidates lors d'une soirée présentée par Elodie Gossuin, miss France 2001 et miss Europe 2002, et l'animateur Jacky.

"Je fais les choses sans argent, je puise dans mon compte personnel, on m'a aidée pour les robes, les maillots, les chaussures", dit Geneviève de Fontenay. "Je n'ai pas la puissance d'Endemol, ça montre qu'on peut faire des choses sans beaucoup d'argent".

Si Sylvie Tellier dit regretter la départ de Geneviève de Fontenay, elle ne craint guère l'ombre de miss Nationale. "C'est un concours parmi d'autres", dit-elle.

Edité par Yves Clarisse