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Société

La France au pied du mur pour protéger l'économie

Nicolas Sarkozy en conférence de presse à l'issue du sommet européen de mercredi à Bruxelles. L'accord des dirigeants de la zone euro arraché jeudi éloigne, pour un temps, la perspective d'un choc systémique mais Paris aura encore beaucoup à faire pour at

Nicolas Sarkozy en conférence de presse à l'issue du sommet européen de mercredi à Bruxelles. L'accord des dirigeants de la zone euro arraché jeudi éloigne, pour un temps, la perspective d'un choc systémique mais Paris aura encore beaucoup à faire pour at - -

par Matthias Blamont PARIS (Reuters) - L'accord des dirigeants de la zone euro arraché jeudi éloigne, pour un temps, la perspective d'un choc...

par Matthias Blamont

PARIS (Reuters) - L'accord des dirigeants de la zone euro arraché jeudi éloigne, pour un temps, la perspective d'un choc systémique mais Paris aura encore beaucoup à faire pour atténuer les effets du ralentissement conjoncturel et stimuler l'économie réelle.

Le chômage en France est reparti en hausse en septembre pour culminer à un pic de 11 ans et les derniers indicateurs macroéconomiques pointent vers un net tassement de l'activité en fin d'année et une croissance faible début 2012.

Les économistes interrogés par Reuters anticipent en moyenne une croissance de 0,5% au premier trimestre de l'an prochain en France et dans la zone euro.

Réunis à Bruxelles pendant plus de dix heures, les chefs d'Etat et de gouvernement des 17 pays de la monnaie unique se sont finalement mis d'accord sur la restructuration de la dette grecque, l'accroissement des capacités du fonds européen de stabilité financière (FESF) et la recapitalisation des banques.

Les Bourses ont salué ces annonces à l'ouverture et les indices européens, dopés par les valeurs bancaires et la publication aux Etats-Unis d'un chiffre de croissance élevé au troisième trimestre, ont accentué leurs gains dans la journée, entraînant le CAC 40 au-delà des 3.300 points.

"C'est champagne pour tout le monde aujourd'hui sur le marché après le sommet de cette nuit même si on reste sur notre faim en ce qui concerne la gouvernance de l'Europe", note un opérateur de marché basé à Paris.

"La recapitalisation des banques est engagée mais maintenant attention à un 'credit crunch' qui serait dramatique pour les entreprises", prévient de son côté Ludovic Subran, chef économiste chez Euler Hermes.

"On est face à un climat des affaires dégradé avec des entreprises qui se sont engagées dans un mouvement de restockage et qui constatent une baisse de leur trésorerie et de leurs taux de marges", ajoute-t-il.

TRÈS ATTENTIFS

De fait, certains économistes craignent que l'exigence imposée aux banques de renforcer leur solvabilité financière pour atteindre un ratio de fonds propres de 9% d'ici à fin juillet réduise l'offre de crédit et pénalise la reprise dans la zone euro et en France.

"Nous serons très attentifs à un point, c'est que la réduction du bilan pour monter leur niveau de protection de fonds propres se fera d'abord et avant tout au détriment de la distribution des dividendes et des bonus", a mis en garde le ministre de l'économie François Baroin.

Elément positif, les banques françaises prévoient des ventes d'actifs et l'arrêt de certaines activités en vue de renforcer leurs fonds propres, une démarche qui doit leur permettre de réduire leur besoin en capitaux et continuer à financer l'économie.

Face à la nécessité absolue de faire respecter les engagements en matière de déficits publics, le gouvernement dispose de peu de marges de manoeuvre pour relancer la croissance.

"Si on veut stimuler, il faut des mesures en face pour réduire le déficit structurel", confirme Olivier Eluère, économiste au Crédit agricole.

Le gouvernement a confirmé ces derniers jours qu'il allait abaisser sa prévision de croissance pour 2012, l'obligeant à dégager des recettes supplémentaires, au risque de fragiliser encore un peu plus l'activité.

Parmi les leviers envisagés, une augmentation de la TVA est considérée comme une "piste" selon l'expression de François Baroin.

"Un relèvement de la TVA serait une bonne mesure, à condition qu'il porte sur des secteurs protégés (de la concurrence mondiale) comme la restauration, la rénovation et l'entretien des logements ou les services à la personne", fait valoir Ludovic Subran.

Nicolas Sarkozy s'exprimera jeudi soir à la télévision pour décrypter les enjeux de la crise. De nouvelles mesures d'économies pourraient être annoncées à cette occasion.

Les mesures de relance, elles, devront peut-être attendre des jours meilleurs.

Avec Alexandre Boksenbaum-Granier, Matthieu Protard et Juliette Rouillon, édité par Patrick Vignal