BFMTV
Société

La forêt de pins d'Aquitaine prend sa revanche

BFMTV
par Claude Canellas BORDEAUX (Reuters) - Ravagée par les tempêtes de 1999 et 2009, la forêt de pins d'Aquitaine prend sa revanche avec la "chimie...

par Claude Canellas

BORDEAUX (Reuters) - Ravagée par les tempêtes de 1999 et 2009, la forêt de pins d'Aquitaine prend sa revanche avec la "chimie verte", qui prend une place de plus en plus importante à côté des papeteries et des industries traditionnelles du bois.

En janvier 2009, près de 600.000 hectares, soit un tiers de la surface du plus grand massif forestier français, ont été touchés, principalement des pins dans la forêt des Landes.

En une seule nuit, les éléments naturels ont porté un coup très dur à une filière qui réalise un chiffre d'affaires annuel de 2,5 milliards d'euros pour 33.000 emplois, dont les deux tiers sont des sylviculteurs.

Mais de nouveaux débouchés sont apparus ces dernières années, l'innovation bousculant la tradition.

La chimie verte s'y développe, là où dans le passé seule existait la récolte artisanale de la résine, notamment pour la fabrication de l'essence de térébenthine.

"Tout ce qui favorise l'augmentation du prix du bois est le bienvenu", déclare Bruno Lafon, le président du Syndicat des sylviculteurs du Sud-Ouest.

"Je constate que de tout temps les acheteurs trouvaient toujours des défauts à nos pins pour faire baisser les prix. Aujourd'hui, ces nouvelles applications, c'est un peu une revanche", précise-t-il.

La chimie verte est déjà représentée depuis de nombreuses années par DRT (Dérivés Résiniques et Terpéniques), dont le siège est à Dax (Landes), et dont la filiale Action Pin fournit des produits dans des domaines aussi variés que les adhésifs, les chewing-gum, les peintures, les encres, le marquage routier, les huiles industrielles et les cires à épiler.

UNE "BIO-RAFFINERIE"

De nombreuses autres entreprises occupent ce terrain, de Berkem en Dordogne, qui extrait des molécules de l'écorce de bois pour la pharmacie, l'alimentaire et la cosmétique, à Phytocos dans les Pyrénées-Atlantiques (cosmétique, pharmacie, chimie fine), en passant par Tournay en Dordogne, qui produit des extraits végétaux et des molécules naturelles pour la diététique et la parapharmacie.

Le cas de Tembec à Tartas (Landes), est exemplaire du développement de cette chimie du pin.

Ancienne papeterie rachetée par un groupe canadien en 1999, elle est devenue un des leaders du secteur en abandonnant peu à peu le papier pour devenir une "bio-raffinerie", selon les mots de sa directrice Maryse Coutou.

"Nos salariés - ils sont 290 - ont dû apprendre un nouveau métier. Aujourd'hui nous produisons une cellulose de haute pureté à partir d'une même molécule issue du pin maritime d'Aquitaine, grâce notamment à notre laboratoire de recherches de Gradignan près de Bordeaux", indique-t-elle.

"On retrouve nos produits dans tous les secteurs, la construction, les crèmes glacées, le dentifrice, le vernis à ongle et même les explosifs", souligne-t-elle.

Pour parvenir à cette mutation, 96 millions d'euros ont été investis en 10 ans dont 55 sur les cinq dernières années, notamment pour réduire l'impact environnemental.

D'autre travaux de recherche sont conduits dans la région comme le projet Bioextra dont l'objectif est l'extraction de toutes les molécules possibles du bois et porté par l'entreprise landaise Biolandes, dont la première activité consiste à fournir au secteur de la parfumerie le produit de la distillation des aiguilles de pin.

Le projet Bema consiste à développer de nouvelles générations de mélanges collants et de matériaux composites à partir de matières premières renouvelables produites en Aquitaine.

Edité par Yves Clarisse