BFMTV
Société

La demande de récusation d'un juge juif rejetée

Le Parquet de Lyon engage une procédure disciplinaire contre un avocat qui avait demandé la récusation d'un "juge au nom juif"

Le Parquet de Lyon engage une procédure disciplinaire contre un avocat qui avait demandé la récusation d'un "juge au nom juif" - -

La cour d'appel de Lyon a rejeté mardi la demande de récusation d'un juge, Albert Lévy, au patronyme à consonance juive. Le Parquet a engagé une procédure disciplinaire contre l'avocat à l'origine de cette demande. « C'est antisémite et choquant », explique le syndicat de la magistrature.

Le Parquet de Lyon a engagé une procédure disciplinaire contre un avocat qui avait demandé la récusation d'un « juge au nom juif » et dont la requête a été rejetée mardi par la cour d'appel de Lyon. Me Alexis Dubruel avait déposé sa requête le 31 octobre sur la base de l'article 668 du code de procédure pénal, qui permet de récuser un juge s'il est suspecté de partialité. Il avait fait valoir dans une affaire familiale tout à fait banale que le père de la prévenue était également juif, car se prénommant Moïse, une démarche qui a suscité la réprobation de nombreux magistrats. Me Dubruel, qui défendait la partie civile, a cité dans sa requête des définitions des noms données par l'encyclopédie en ligne Wikipedia.
Albert Lévy, 61 ans, a déjà fait l'objet dans le passé d'attaques antisémites, venant en particulier de l'extrême droite. La requête a été rejetée mardi et la cliente de l'avocat a été condamnée de ce fait à une amende civile de 750 euros, soit la plus importante prévue dans ce cas. Maître Alain Jakubowicz, avocat d'Albert Lévy, mais également président de la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra), s'est félicité de la décision du tribunal. « Cette affaire dépasse le cas d'Albert Lévy et atteint les fondements même de l'institution. Ces attaques ignobles contre Albert Lévy sont la pire chose qu'on puisse dire à l'encontre d'un magistrat », a-t-il dit. Alain Jakubowicz a estimé que la démarche de son confrère était une dérive dangereuse. « Demain, on pourrait ainsi récuser un juge pour ses orientations sexuelles, pour ses appartenances politiques, parce qu'il est noir, banc, chrétien, ou franc-maçon... C'est absolument effroyable », a-t-il dit.

« C’est antisémite et écœurant »

Le Syndicat de la magistrature quant à lui a estimé dans un communiqué que la démarche était « juridiquement délirante », « humainement inacceptable » et qu'elle tendait à « promouvoir une conception fondamentalement viciée et dangereuse du devoir d'impartialité qui s'impose à tout magistrat ».
« C’est quelque chose qui est complètement en dehors des clous, explique sur RMC Christine Peyrache, la déléguée à Lyon du syndicat de la magistrature. C’est antisémite. C’est la récusation d’un magistrat par un raisonnement totalement délirant. Ce qui est très fallacieux c’est aussi l’idée que l’on peut choisir son juge ou qu’on peut en tout cas l’éliminer. Ça veut dire que s’il s’agit d’un juge noir de peau, on va le récuser quand il va s’agir de juger un dossier où la victime sera noire de peau. Où va-t-on ? C’est choquant à plus d’un titre. Le fond est écœurant et dans la démarche même il y a quelque chose de délirant ».

La rédaction avec G.Windestrin