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La défense de Dieter Krombach plaide l'acquittement

Me Yves Levano, avocat du médecin allemand Dieter Krombach, jugé à Paris pour la mort suspecte d'une adolescente française en 1982, a plaidé samedi l'acquittement au terme de trois semaines d'un procès qui trouble l'amitié judiciaire franco-allemande. /Ph

Me Yves Levano, avocat du médecin allemand Dieter Krombach, jugé à Paris pour la mort suspecte d'une adolescente française en 1982, a plaidé samedi l'acquittement au terme de trois semaines d'un procès qui trouble l'amitié judiciaire franco-allemande. /Ph - -

par Thierry Lévêque PARIS (Reuters) - La défense du médecin allemand Dieter Krombach, jugé à Paris pour la mort suspecte d'une adolescente française...

par Thierry Lévêque

PARIS (Reuters) - La défense du médecin allemand Dieter Krombach, jugé à Paris pour la mort suspecte d'une adolescente française en 1982, a plaidé samedi l'acquittement au terme de trois semaines d'un procès qui trouble l'amitié judiciaire franco-allemande.

Me Yves Levano a une dernière fois fait valoir que Dieter Krombach était, aux yeux de l'Allemagne et de sa justice, blanc comme neige: "C'est la première fois dans ma carrière que je plaide l'innocence d'un innocenté allemand." Il a prévenu la cour: "Quel que soit le verdict, des recours seront exercés."

Le verdict devait être rendu dans la soirée dans ce procès exceptionnel, car rendu possible 29 ans après les faits par l'enlèvement de l'accusé organisé en 2009 en Allemagne par le père de la victime, André Bamberski. Berlin refuse depuis toute coopération judiciaire sur ce cas avec Paris.

Alors que la justice allemande a toujours refusé de voir en la mort de la jeune Française un crime, l'accusation française a requis vendredi une peine de 15 ans de réclusion contre le cardiologue de 76 ans, détenu depuis son enlèvement.

Kalinka Bamberski est morte mystérieusement dans la nuit du 9 au 10 juillet 1982 au domicile de Dieter Krombach à Lindau, en Bavière.

L'avocat général a rappelé que l'autopsie initiale de la jeune fille en Allemagne avait manqué selon les experts français à toutes les règles élémentaires, et que Dieter Krombach avait bénéficié d'une surprenante mansuétude: la police allemande l'a simplement prié par téléphone de répondre à des questions par écrit avec un délai de dix jours.

Une contre-enquête menée en France et en particulier des expertises menées en 2010 sur des fragments de son corps miraculeusement conservés comme pièces à conviction ont prouvé qu'elle avait reçu avant sa mort une dose de somnifères probablement forte.

KALINKA, FLEUR DE POLOGNE

Le profil de pervers sexuel de l'accusé, démontré aux yeux de l'accusation française par une série d'abus sexuels qui lui sont imputés aujourd'hui en Allemagne, avec notamment le viol d'une patiente sous anesthésie dans les années 1990, amène le parquet français à dessiner un scénario.

Selon l'avocat général Pierre Kramer, Dieter Krombach a violé Kalinka après l'avoir droguée et provoqué sans le vouloir sa mort lorsqu'elle s'est étouffée dans son sommeil en vomissant. Il s'est ensuite recouché avant de simuler des tentatives de réanimation au petit matin en sachant qu'elle était déjà morte.

Le parquet allemand a refusé plusieurs fois entre 1982 et 1986 d'ouvrir des poursuites, bien que la mort de Kalinka restait inexpliquée.

Pierre Kramer écarte cependant les soupçons de soutien politique à Dieter Krombach formulés par André Bamberski. "Il n'y a pas de sombre complot, il y a beaucoup d'incompétence et de connivence", a-t-il dit. Pour lui, Dieter Krombach a trompé tout le monde en s'appuyant sur son statut de médecin et de notable.

Dans l'ultime prise de parole vendredi au nom d'André Bamberski, qui a consacré sa vie à obtenir ce procès, son avocat Laurent de Caunes a eu un mot pour Kalinka, baptisée du nom d'une fleur de Pologne, pays de ses grands-parents et qui était, selon les témoins, d'une beauté éclatante.

"Nous avons des devoirs envers elle. Elle n'a pas besoin de larmes, elle en a eu des océans. Elle n'a pas besoin de fleurs, elle en était une. Ce que nous devons lui donner, c'est la vérité et la justice."

André Bamberski fera face lui-même après ce procès aux juges français, qui doivent dire à Mulhouse s'ils le condamneront pour l'enlèvement de Dieter Krombach, opéré avec plusieurs complices, dont un Kosovar.

Edité par Henri-Pierre André