BFMTV
Société

La chambre à pression négative, ultime précaution contre Ebola

Une chambre "P4", à basse-pression, où est actuellement soignée la volontaire française de MSF contaminée par le virus Ebola.

Une chambre "P4", à basse-pression, où est actuellement soignée la volontaire française de MSF contaminée par le virus Ebola. - Thomas Samson - AFP

L'infirmière française, volontaire de Médecins sans frontières, contaminée par la fièvre hémorragique au Libéria, est arrivée ce vendredi en France pour y recevoir un traitement expérimental. Elle est actuellement confinée dans une chambre à haute-sécurité. 

C'est un dispositif de sécurité exceptionnel. La volontaire française de Médecins sans frontières (MSF), contaminée au Liberia par le virus Ebola, est arrivée vendredi en France, devenant ainsi la première personne atteinte par cette fièvre hémorragique à être soignée sur notre territoire. C'est à l'hôpital militaire Bégin, en région parisienne, que la patiente a été placée dans une chambre d'isolement à pression négative, sorte de protection ultime, où elle reçoit des traitements expérimentaux.

La France était préparée

Cela faisait maintenant plusieurs mois que la France s'était préparée à l'éventualité d'accueillir une personne contaminée par Ebola sur son territoire. Plusieurs hôpitaux référents à Paris et en province ont ainsi été habilités pour pouvoir prendre d'éventuels patients en charge. L'hôpital d'Instruction des Armées Bégin, à Saint-Mandé en proche banlieue parisienne, est l'un d'eux.

Une précaution "extrême"

Une fois arrivée sur le site, la volontaire de MSF a pu directement être placée dans une chambre d'isolement à pression négative, une protection pour éviter toute échappée d'agents contaminants à l'extérieur. Ce système, utile surtout pour d'autres pathologies à fort risque respiratoire (coronavirus, Sras, grippe aviaire...), représente une précaution "extrême" pour faire face à un éventuel risque - minime - de dissémination du virus Ebola, par exemple en cas d'infection des poumons au stade ultime de la maladie.

Un double sas de sécurité

Rien n'est laissé au hasard. Dans ces unités, les portes s'ouvrent sans contact, par capteur optique. Pour pénétrer dans ces chambres à pression négative, dites aussi P4, uniquement accessibles par code, il faut passer deux sas successifs. Le premier est destiné à l'habillage des personnels, le second à la préparation des soins. C'est une fois ce dernier palier franchi que le personnel médical, toujours en équipe, peut entrer dans une chambre, à première vue, classique.

Classique ? En apparence seulement. La pression du lieu est volontairement abaissée, en dessous du niveau de l'extérieur, ce qui empêche l'air, et les éventuels agents pathogènes qu'il pourrait transporter, de s'échapper.

Une formation spécifique

Pour sortir, là aussi le protocole est précis: infirmières et médecins doivent emprunter un autre sas dédié au déshabillement. Tous les déplacements se font "toujours marche en avant", pour éviter de répandre derrière soi d'éventuels éléments contaminants, précise le Pr Christophe Rapp, coordonnateur de la réponse à Ebola dans le service de santé des Armées et responsable du service des maladies infectieuses à Bégin. Dans cet hôpital, 60 personnes ont été formées à l'usage spécifique des chambres d'isolement.

Le matériel incinéré

Ebola est particulièrement contagieux. La transmission se fait par contact avec les liquides biologiques du malade et plus particulièrement le sang, l'urine et les vomissements, rappelle le Pr Elisabeth Bouvet de l'hôpital Bichat. Elle ne "nécessite pas un contact prolongé". A ce titre, les personnes qui s'apprêtent à entrer en contact avec un malade disposent d'un équipement complet: charlotte sur les cheveux, masque sur la bouche, lunettes de protection, double paire de gants à usage unique, casaque couvrant tout le corps et sur-chaussures.

Par ailleurs, le matériel utilisé par le personnel médical est placé dans des sacs destinés à être incinérés et les prélèvements récupérés directement dans de petits monte-charges pour réduire les manipulations.

Des analyses sur place, ou à Lyon 

Bégin pratique même "de la biologie sous tente" pour réduire les transports de prélèvements biologiques à risque: des analyses de base peuvent être faites près du lit du malade, dans une sorte de mini laboratoire sous une petite tente. Les prélèvements sanguins sont en revanche expédiés sous triple emballage à Lyon qui dispose d'un laboratoire de haute sécurité, apte à manipuler des échantillons de peste, d'Ebola, de maladie du charbon.

Jérémy Maccaud, avec AFP