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La CGT dénonce un climat "explosif" dans les prisons

Cellule de la prison de Bois-d'Arcy, près de Paris. Malgré l'augmentation du nombre de places pour la détention, la surpopulation carcérale en France serait à l'origine d'un climat de plus en plus tendu, générant des violences quotidiennes dans le établis

Cellule de la prison de Bois-d'Arcy, près de Paris. Malgré l'augmentation du nombre de places pour la détention, la surpopulation carcérale en France serait à l'origine d'un climat de plus en plus tendu, générant des violences quotidiennes dans le établis - -

par Pierre-Henri Allain RENNES (Reuters) - Malgré l'augmentation du nombre de places pour la détention, la surpopulation carcérale en France serait...

par Pierre-Henri Allain

RENNES (Reuters) - Malgré l'augmentation du nombre de places pour la détention, la surpopulation carcérale en France serait à l'origine d'un climat de plus en plus tendu, générant des violences quotidiennes dans le établissements, selon le syndicat des surveillants CGT.

"La situation est de plus en plus explosive. Dans la nouvelle prison de Rennes-Vezin, inaugurée en grande pompe en mars 2011 en vantant les cellules individuelles, on compte aujourd'hui 768 détenus pour 690 places", s'inquiète Eric Lemoine, représentant CGT de l'établissement.

"Il a fallu ajouter 50 matelas dans des cellules de 10m2 où se retrouvent trois détenus. Cela a entraîné une nette augmentation des agressions verbales et physiques", déplore-t-il.

Le phénomène de surpopulation dans les maisons d'arrêt en France, où l'on comptait 64.147 détenus pour 54.562 places au 1er octobre, s'est nettement accentué après la polémique ayant suivi le meurtre de Laetitia en janvier dernier à Pornic (Loire-Atlantique), dont l'auteur présumé se trouvait sous contrôle judiciaire au moment des faits, dénonce la CGT.

"Alors que depuis deux ou trois ans, on enregistrait une relative stabilité de la population carcérale, l'affaire de Pornic a entraîné une augmentation des peines de prison ferme et la volonté de les mettre à exécution dans les plus brefs délais", explique Fabrice Donions, membre du bureau national de la CGT-pénitentiaire.

"Cela est venu s'ajouter à la pénurie de moyens des services pénitentiaires d'insertion et de probation (SPIP) chargés de l'aménagement des peines qui n'a pu absorber ce flux", ajoute t-il.

L'ouest de la France a été particulièrement touché par cette arrivée importante de nouveaux détenus avec des tensions qui ont failli dégénérer, notamment à Saint-Brieuc, en Côtes-d'Armor, dont la prison accueille 180 détenus pour 80 places, et a connu fin juin un début d'émeute.

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"La maison d'arrêt de Nanterre a aussi connu un pic de surpopulation au printemps dernier avec 900 détenus pour 650 places tandis que l'on transférait la population pénale des établissements de Toulouse ou Bordeaux dans des zones pas encore saturées, comme la Corrèze ou la Dordogne, avec les problèmes d'éloignement des familles que cela entraîne", précise Fabrice Donions.

Selon la CGT, le programme de construction de nouvelles prisons du gouvernement qui prévoit une capacité totale de 80.000 places à l'horizon 2017 ne résoudra pas les problèmes de surpopulation.

"A chaque fois que l'on construit de nouvelles prisons, elles se retrouvent très vite au-delà de leurs capacités. C'est le résultat d'une politique du tout sécuritaire qui a institué les peines planchers et de nouveaux délits passibles d'incarcération", estime Eric Lemoine.

"La prison n'est pas une solution à tout. Si les gens en ressortent plus mauvais qu'en y entrant, c'est un échec pour tout le monde", poursuit t-il.

La CGT regrette également le manque de moyens humains face à cette surpopulation avec des effectifs de surveillants et de personnel du SPIP qui n'augmentent pas dans les mêmes proportions.

"On construit d'énormes usines complètement déshumanisées où la présence humaine est réduite au minimum avec des partenariats public-privé qui génèrent des loyers en constante augmentation, amputant d'autant les budgets de l'administration, c'est un cercle vicieux sans fin", déplore Fabrice Donions.

Selon une étude menée par Pierre-Vincent Tournier, directeur de recherche au CNRS, 446 détenus dormaient sur des matelas posés à même le sol dans les prisons françaises au 3 octobre 2011, contre 226 il y a un an.

Edité par Patrick Vignal