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Société

L'UE tente d'esquisser une solution durable à la crise

François Hollande et Angela Merkel en conférence de presse commune au palais de l'Elysée, à Paris, après avoir fait le point sur les grands sujets sur lesquels ils souhaitent converger. Le couple franco-allemand, flanqué de l'Italie et de l'Espagne, sera

François Hollande et Angela Merkel en conférence de presse commune au palais de l'Elysée, à Paris, après avoir fait le point sur les grands sujets sur lesquels ils souhaitent converger. Le couple franco-allemand, flanqué de l'Italie et de l'Espagne, sera - -

Le couple franco-allemand, flanqué de l'Italie et de l'Espagne, sera de nouveau en première ligne jeudi et vendredi lors d'un Conseil européen une fois de plus sommé de s'entendre sur des remèdes durables aux tourments de la zone euro.

Dans un rapport qui servira de base de discussion, les présidents Herman Van Rompuy (Conseil européen), José Manuel Barroso (Commission), Jean-Claude Juncker (Eurogroupe) et Mario Draghi (Banque centrale) énumèrent les quatre piliers d'une "véritable union économique et monétaire" sur lesquels ils invitent les Vingt-Sept à progresser : union bancaire, union budgétaire, politique économique commune et démocratie. Un rapport jugé "équilibré" et qualifié de "très bonne base de discussion" à Paris mais, selon des sources de la zone euro, accueilli beaucoup plus fraîchement à Berlin. Angela Merkel, François Hollande, Mario Monti et Mariano Rajoy ont ouvert vendredi à Rome la voie à un accord sur un plan de 130 milliards d'euros pour relancer la croissance et sur la mise en oeuvre d'une taxe sur les transactions financières (TTF) dans le cadre d'une coopération renforcée. Les marges de progression sur les autres volets, qui ont fait l'objet d'échanges entre les ministres des Finances des quatre premières économies de la zone euro mardi soir à Paris et mercredi au téléphone, sont en revanche plus incertaines. Le président français, François Hollande, a reçu mercredi soir la chancelière Angela Merkel en tête-à-tête pour "faire le point sur les grands sujets sur lesquels ils souhaitent converger", dit-on à l'Elysée. Paris et Berlin divergent notamment sur l'ordre et le tempo du renforcement de l'intégration politique et économique.

Le diktat de l'urgence

Le président français, soucieux de ménager une opinion publique française et européenne malmenée par la crise, n'envisage qu'une démarche étape par étape, subordonnée aux progrès en matière de croissance et de stabilité financière. "Nous voulons l'un comme l'autre approfondir l'union économique, monétaire et demain politique pour arriver à une intégration et à une solidarité, l'intégration autant qu'il est nécessaire, la solidarité autant qu'il est possible", a-t-il déclaré, la chancelière à ses côtés, avant leur dîner.

Angela Merkel n'envisage, elle, de saut significatif en matière de mutualisation des risques au sein de la zone euro, financiers notamment, qu'adossé à un bond en avant en matière de partage de souveraineté et de contrôle. "La situation est sérieuse et nous avons l'obligation de construire l'Europe forte et stable de demain", a-t-elle déclaré à son arrivée à l'Elysée. "Il nous faut une Europe qui fonctionne. Les marchés attendent cela d'elle et il nous faut une Europe dont les membres s'entraident les uns les autres."
Auparavant, elle avait cependant de nouveau accusé ses partenaires européens de vouloir mettre la charrue avant les boeufs en réclamant une gestion commune des dettes souveraines avant d'instituer une stricte discipline budgétaire. "Je crains que l'on ne parle trop au sommet de ces idées de responsabilité commune et pas assez de l'amélioration des systèmes de contrôle et des mesures structurelles", a-t-elle dit au Bundestag. "Les euro-obligations, les eurobills et le fonds de remboursement ne sont pas seulement anticonstitutionnels en Allemagne, ils sont aussi économiquement erronés." Il sera en outre difficile aux Vingt-Sept d'échapper au diktat de l'urgence, alors que Chypre vient à son tour d'appeler au secours les fonds de sauvetage européens et que Madrid et Rome implorent leurs partenaires de trouver une solution pour réduire le coût de leur dette souveraine. "Le plus urgent, c'est le financement", a souligné mercredi le président du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, devant les Cortes. "Nous ne pouvons pas continuer à nous financer aux prix auxquels nous nous finançons actuellement." L'Espagne, qui emprunte pour l'instant à 10 ans sur les marchés à près de 7,0%, soit 5,3 points de plus que l'Allemagne, proposera à Bruxelles d'utiliser les instruments existants pour stabiliser les marchés financiers, a-t-il dit.

Berlin ratifie le pacte budgétaire

Le président du Conseil italien, Mario Monti, propose pour sa part, avec le soutien de la France, d'autoriser le Fonds et le Mécanisme européens de stabilité financière (FESF et MES) à acheter de la dette souveraine sur le marché secondaire pour faire baisser le coût des emprunts des Etats en difficulté. Herman Van Rompuy et ses trois collègues reconnaissent implicitement cette urgence dans leur rapport, en plaçant en tête des priorités la constitution d'une union bancaire pour casser le cercle vicieux dette souveraine-crise des banques par la mise en place de mécanismes supranationaux de supervision, de garantie des dépôts et de restructuration. "L'union bancaire est le premier étage d'une intégration économique et politique plus approfondie", souligne dans une interview au Monde Michel Barnier, commissaire européen chargé du marché intérieur et des services financiers.
Jeudi, les Vingt-Sept n'entreront véritablement dans le vif du sujet qu'à partir de 18h00, avec l'examen du projet de pacte de croissance, puis un dîner de travail notamment consacré au rapport Van Rompuy-Barroso-Juncker-Draghi. Vendredi, les 17 dirigeants de la zone euro se retrouveront pour déjeuner, avant qu'Angela Merkel retourne à Berlin pour assister à la ratification par le Parlement allemand du pacte budgétaire signé le 2 mars 2012 par 25 des 27 pays de l'UE. Un pacte que François Hollande avait promis pendant la campagne de l'élection présidentielle française de renégocier pour y introduire un volet croissance et dont la ratification par la France dépend des résultats du Conseil de jeudi et vendredi, déclare-t-on dans son entourage.