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Société

L'UE s'entend sur un mécanisme de crise et aide l'Irlande

Le président de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet, le président de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker, le ministre des Finances belge Didier Reynders, dont le pays assure actuellement la présidence de l'UE et le commissaire européen aux Affa

Le président de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet, le président de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker, le ministre des Finances belge Didier Reynders, dont le pays assure actuellement la présidence de l'UE et le commissaire européen aux Affa - -

par Julien Toyer BRUXELLES (Reuters) - Près de sept mois après la crise grecque, l'Union européenne a présenté dimanche un vaste train de mesures...

par Julien Toyer

BRUXELLES (Reuters) - Près de sept mois après la crise grecque, l'Union européenne a présenté dimanche un vaste train de mesures destiné à arrêter la contagion de la crise irlandaise au reste de la zone euro et à rassurer les marchés sur les règles en vigueur après 2013.

Au terme de six heures de réunion à Bruxelles, les Vingt-Sept se sont tout d'abord entendus sur la pérennisation après 2013 du mécanisme permanent de gestion des crises, qui inclura une participation graduelle du secteur privé.

Ils ont également validé comme prévu un plan d'aide à l'Irlande de 85 milliards d'euros sur dix ans afin de permettre à Dublin de remettre de l'ordre dans ses finances publiques et d'assainir un secteur bancaire proche de l'implosion.

Enfin, le Portugal se penchera avec la Commission sur la mise en oeuvre d'un plan de réformes structurelles et la Grèce se verra donner un répit de plusieurs années pour rembourser les prêts qui lui ont été concédés en mai.

Les autorités européennes, qui ont accéléré le calendrier des travaux qui devaient initialement s'achever mi-décembre, espèrent par ce biais rassurer les marchés sur la capacité de la zone euro à se stabiliser durablement et également éviter que le Portugal, voire l'Espagne, ne deviennent à leur tour la cible de la défiance des investisseurs.

L'euro était en hausse lundi matin en Asie après l'approbation du plan.

"Le message aux marchés c'est : un, nous sommes solidaires au sein de la zone euro ; deux, nous sommes capables de prendre des décisions ; trois, nous produisons les grands principes d'un mécanisme permanent de résolution des crises aligné sur le FMI", a dit la ministre française de l'Economie, Christine Lagarde.

"Et puis, le mécanisme (décidé en mai) fonctionne, on le met en oeuvre, on le met en oeuvre de manière solidaire autour de l'Irlande", a-t-elle ajouté.

MÉCANISME EUROPÉEN DE STABILITÉ

Le "MES" (Mécanisme européen de stabilité), qui avait attisé les craintes des marchés ces dernières semaines, sera en vigueur à partir de 2013 et se substituera à l'actuelle Facilité européenne de stabilité financière (FESF) dit aussi Fonds européen de stabilité financière, dont il sera très largement inspiré.

Les ministres ont toutefois précisé que son enveloppe actuelle (750 milliards d'euros) serait relevée même s'ils n'ont pas indiqué dans quelle proportion.

La participation du secteur privé y sera clairement établie, selon les principes actuellement en vigueur au sein du Fonds monétaire international.

Les créanciers privés seront sollicités au cas par cas, sur une base contractuelle et de manière graduelle selon s'il s'agit d'une crise de liquidité ou d'une crise de solvabilité.

Par ailleurs, en complément, toutes les émissions obligataires en zone euro seront assorties à partir de juin 2013 de clauses d'action collective permettant de restructurer des dettes avec l'approbation d'une partie des créanciers.

Les responsables européens se sont félicités de cette clarification, notamment le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, qui avait averti mi-octobre des dangers de discuter de ces questions alors que les marchés étaient encore très tendus.

"Il était nécessaire d'avoir une clarification complète de la doctrine. Il devait être clair que nous appliquerions en Europe la doctrine du FMI (...) c'est-à-dire sans aucune participation ex-ante (du secteur privé)", a-t-il déclaré.

L'IRLANDE CONTRIBUERA À SON PROPRE PLAN

Comme cela était largement anticipé, les Vingt-Sept se sont également mis d'accord sur un plan d'aide à l'Irlande de 85 milliards d'euros sur dix ans.

Sur cette enveloppe, 35 milliards d'euros seront destinés à assainir le secteur bancaire, dont 10 milliards seront consacrés à des injections immédiates de capital et 25 milliards seront conservés dans un fonds de réserve.

L'Irlande y contribuera elle-même à hauteur de 17,5 milliards d'euros, puisés sur un fonds de retraite national, le reste étant assumé à parts égales de 22,5 milliards d'euros par le FMI, le Fonds communautaire de stabilité et la Facilité intergouvernementale de stabilité financière dont l'effort sera complété par des prêts bilatéraux de la Grande-Bretagne, de la Suède et du Danemark.

Le taux d'intérêt moyen auquel cette aide sera fournie devrait s'établir autour de 5,8% et le plan d'austérité de 15 milliards d'euros annoncé cette semaine par le gouvernement de Brian Cowen, sera complété en trois points.

Le secteur bancaire irlandais subira une intense cure d'amaigrissement et sera recapitalisé, les ajustements budgétaires se poursuivront jusqu'en 2015 au lieu de la date de 2014 envisagée par Dublin et de nouvelles réformes structurelles seront mises en oeuvre, notamment une réforme du marché du travail irlandais.

PLAN DE RÉFORME AU PORTUGAL

Anticipant un éventuel report de l'attention des marchés vers le Portugal, la Commission a annoncé qu'elle plancherait dans les prochains jours avec Lisbonne sur un plan de réformes plus large, avec notamment de nouvelles mesures visant le secteur de la santé et des transports.

"Les efforts seront intensifiés", a insisté le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Olli Rehn.

L'Espagne a de con côté renouvelé son engagement à mettre en oeuvre de manière résolue les mesures déjà annoncées, comme la restructuration de ses caisses d'épargne régionale d'ici fin décembre et la réforme des retraites d'ici la fin du premier trimestre 2011.

Enfin, quant à la Grèce, les prêts octroyés en mai pourront être remboursés sur une plus longue période de sept ans et demi, qui ne commenceront qu'au terme de la période initiale de trois ans, en échange d'un taux d'intérêt porté à 6,05%.

Julien Toyer, édité par Danielle Rouquié