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L'inflation a fortement raboté la hausse des salaires en 2008

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PARIS (Reuters) - L'inflation a fortement raboté la hausse des salaires dans les entreprises françaises en 2008, selon une étude publiée par l'Insee.

Un salarié travaillant en France à temps complet dans une entreprise du secteur privé ou semi-public a gagné en moyenne 2.753 euros par mois en salaire brut et 2.069 euros en net.

Malgré le fort ralentissement de l'activité économique amorcé au printemps 2008, le salaire net moyen a affiché ainsi une hausse de 3,6% en euros courants, soit une augmentation quasiment identique à celle de 3,3% intervenue en 2007.

Mais déduction faite de la hausse de 2,8% des prix à la consommation en 2008, la progression des salaires nets moyens est ramenée à 0,7% en euros constants, soit 1,1 point de moins que l'année précédente, observe l'Insee.

Le salaire net médian, qui partage les salariés à temps complet en deux groupes d'effectifs égaux, s'est pour sa part élevé à 1.655 euros par mois. Il est resté inférieur de 20% au salaire net moyen mais a néanmoins augmenté un peu plus vite (+3,8% en euros courants et +0,9% en euros constants).

En 2008, note encore l'Insee, 10% des salariés à temps complet ont gagné un salaire net mensuel inférieur à 1.123 euros alors qu'en haut de l'échelle 10% ont disposé de plus de 3.267 euros. Le rapport entre ces deux catégories est resté égal à 2,9, comme lors des cinq années précédentes.

Les 1% de Français les plus rémunérés ont touché plus de 7.890 euros par mois.

L'évolution des salaires nets a été positive pour l'ensemble de la hiérarchie salariale mais elle a été un peu plus faible pour les 10% du bas (+0,8% contre +0,9% pour la médiane).

"Il s'agit de la poursuite d'une évolution observée depuis 2005, en lien avec le ralentissement de la hausse du Smic", explique l'Insee. Les 1% les plus en haut de l'échelle ont quant à eux été augmentés de 1,1%, après +2,8% en 2007.

L'ÉCART HOMMES/FEMMES SE CREUSE

Avec le début de la récession, la France n'a enregistré qu'une croissance de 0,2% en 2008, après 2,4% en 2007, mais la chute de l'activité économique n'a pas eu d'impact important sur les salaires.

"Conformément aux enseignements des crises passées, les salaires se sont ajustés à la situation du marché du travail et de la conjoncture avec un certain retard", relève l'Insee.

La crise a en revanche provoqué dès 2008 une forte baisse de l'emploi ouvrier a priori moins bien rémunéré, ce qui a structurellement poussé la hausse du salaire net moyen.

"La part des ouvriers a diminué au profit des cadres. Ces changements ont contribué pour 0,6 point à la hausse du salaire net moyen et cet effet de structure est le plus important depuis 2002", souligne l'étude.

Au sein même de la catégorie des ouvriers, le repli marqué de l'emploi des travailleurs les moins qualifiés a entraîné une hausse de 1,3%, en trompe-l'oeil, du salaire net moyen en euros constants.

Le salaire net moyen des employés est resté stable alors que celui des professions intermédiaires a diminué de 0,4%.

Après trois années favorables, ce sont les cadres qui ont le plus pâti du contexte de crise avec une baisse de 0,7% de leur rémunération, reflétant une part variable du salaire plus élevée que la moyenne.

L'étude de l'Insee montre par ailleurs que l'écart salarial moyen entre hommes et femmes s'est accentué de 0,3 point en 2008 pour s'établir à 19,1% chez les salariés à temps complet.

"En 2008 le salaire moyen des femmes a progressé moins que celui des hommes (+0,5% contre +0,9%)", explique l'Insee. "L'écart salarial s'est accentué pour toutes les catégories socioprofessionnelles sauf pour les cadres".

Le salaire net moyen de 2.069 euros par mois a ainsi été en réalité de 2.219 euros pour les hommes et de 1.795 pour les femmes.

Véronique Tison, édité par Yves Clarisse