L'heure du verdict approche pour Dieter Krombach

PARIS (Reuters) - Les plaidoiries finales ont commencé vendredi à la cour d'assises de Paris au procès d'un crime vieux de 29 ans et imputé à un médecin allemand, Dieter Krombach, jugé grâce à un enlèvement qui mécontente l'Allemagne.

Après trois semaines de procès plutôt confondantes pour l'accusé, tenues sous les yeux d'un observateur de l'ambassade allemande, les parties civiles ont commencé à plaider. Le réquisitoire de l'avocat général Pierre Kramer était prévenu dans l'après-midi.

Il devrait soutenir la thèse d'une mort provoquée par des violences sexuelles de Dieter Krombach sur la jeune Kalinka Bamberski, 14 ans, qui a succombé de manière mystérieuse dans la nuit du 9 au 10 juillet 1982 au domicile du médecin allemand à Lindau, en Bavière.

Le verdict est attendu samedi. Dieter Krombach, 76 ans, risque la réclusion à perpétuité.

Cette affaire n'a jamais fait l'objet de poursuites en Allemagne et c'est au terme d'un combat judiciaire de trois décennies qu'André Bamberski, père de la victime, a fait enlever le médecin qui a été livré pieds et poings liés en octobre 2009 à la police française.

L'audience, où a été exposé le résultat d'un complément d'enquête, a mis en lumière des éléments accablants contre Dieter Krombach. Il apparaît que la jeune Kalinka avait reçu la nuit de sa mort une dose sans doute importante de somnifères et qu'elle a pu succomber à une asphyxie en vomissant dans son sommeil, peut-être du fait d'un viol, ont dit les experts.

De plus, une très longue série d'abus sexuels sur mineures est imputable sur deux décennies à Dieter Krombach, a dit à la barre un policier allemand, venu faire connaître une liste d'affaires jamais poursuivies, alors même que son pays refuse toute coopération avec la France.

Dieter Krombach, 76 ans, nie les faits et se dit innocent. Il fait désormais face à André Bamberski mais aussi à la mère de Kalinka, Danielle Gonnin, qui n'avait jamais cru jusqu'en 2009 que le médecin allemand, avait qui elle avait refait sa vie en 1982, pouvait être un assassin.

L'avocat de Danielle Gonnin, Me Alexandre Para-Bruguière, a fait état dans sa plaidoirie de la douleur de sa cliente. "Entre la justice et la vie, Mme Gonnin avait choisi la vie. Samedi soir, quand vous rendrez votre verdict, ce sera dur, car vous allez sûrement lui dire qu'elle s'est trompée pendant 30 ans", a-t-il dit.

Thierry Lévêque, édité par Patrick Vignal