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L'habitat participatif fait son nid à Strasbourg

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par Gilbert Reilhac STRASBOURG (Reuters) - L'habitat participatif à la mode allemande, qui consiste pour des citoyens à s'unir pour construire un...

par Gilbert Reilhac

STRASBOURG (Reuters) - L'habitat participatif à la mode allemande, qui consiste pour des citoyens à s'unir pour construire un immeuble respectueux de l'environnement sans passer par la case promoteur, commence à faire école en France.

Avec ses balcons en coursive, sa structure de bois partiellement apparente et son escalier en échelle de coupée sur la façade, le 24 rue de Lunéville est, tout près du centre ville de Strasbourg, l'une des têtes de pont de l'autopromotion.

Achevé en septembre avec ses habitants pour maîtres d'ouvrage, le bâtiment de trois étages du groupe Eco-Logis est situé dans un îlot de verdure, au bord d'une ligne de tramway.

Bâti en bois massif et aux normes BBC (bâtiment basse consommation), il possède six places de parking et 35 emplacements de vélo pour onze logements. La buanderie, une salle de réunion et le futur potager sont à usage collectif.

"C'est l'aboutissement de dix années pour tenter de transposer le modèle des Baugruppe (les groupes de construction) allemands dans le contexte français", explique François Desrues, urbaniste, habitant des lieux et vice-président de l'association Eco-Quartier qui a lancé le projet.

C'est d'ailleurs en Allemagne que ces pionniers ont trouvé leur architecte en la personne de Michael Gies, qui a travaillé sur l'éco-quartier de Fribourg, une référence en la matière.

Le concept d'autopromotion est plus développé en Europe du nord et en Allemagne qu'en France, où les projets commencent néanmoins à fleurir, à la faveur du Grenelle de l'environnement.

DÉMOCRATIE PARTICIPATIVE

Pour développer les initiatives citoyennes, la ville de Strasbourg a lancé l'an dernier un appel à projet sur dix "dents creuses" immédiatement constructibles qu'elle livrait à l'imagination des autopromoteurs.

L'opération "Dix terrains pour dix immeubles durables" a suscité 17 candidatures, dont cinq ont été retenues un an plus tard pour un total de 73 logements, douze équipes étant invitées à approfondir ou revoir leur copie.

Le cahier des charges imposait la sobriété énergétique, le recours à des matériaux respectueux de l'environnement et l'accueil d'une activité commerciale ou associative en rez-de-chaussée, la conception du projet restant libre.

Pour Alain Jund, adjoint Vert à l'urbanisme à la mairie de Strasbourg, il en va d'une certaine idée du "vivre ensemble" et de la démocratie participative qui verrait se rencontrer les intérêts de la collectivité et ceux des individus.

"Des habitants s'organisent collectivement et contribuent à la construction de la ville au lieu de se comporter uniquement en consommateurs", résume-t-il.

La municipalité accompagnera les projets en appliquant une décote sur le prix du foncier et en apportant une expertise technique, le but étant de raccourcir la durée de réalisation avec les aléas qu'elle fait peser sur l'existence du groupe.

"Comment permettre que cette démarche soit accessible à tous ?", s'interroge par ailleurs Alain Jund, alors qu'architectes, urbanistes, professions libérales et enseignants sont aujourd'hui surreprésentés au sein des groupes.

La ville espère progresser dans ce sens en dépassant peu à peu le stade du laboratoire.

Le maire socialiste, Roland Ries, vient d'annoncer le lancement d'un nouvel appel d'offre, début 2011, avec notamment 50 à 60 logements réservés à l'autopromotion dans chacun des deux futurs éco-quartiers "Danube" et "Brasserie", soit environ 10% du total des futures habitations.

Edité par Yves Clarisse