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Société

L'Etat va réduire sa participation dans certains groupes

« Il n’y a pas de sujet tabou », a affirmé le Premier ministre.

« Il n’y a pas de sujet tabou », a affirmé le Premier ministre. - -

Jean-Marc Ayrault a déclaré dimanche que l'Etat envisageait de réduire sa participation dans certaines entreprises pour financer des investissements jugés plus stratégiques. « Nous avons besoin de capitaux industriels publics en France pour garantir le long terme », répondent certains à gauche.

Etre un peu moins présent dans les entreprises pour pouvoir investir. Dimanche, lors de son intervention télévisée sur TF1, Jean-Marc Ayrault, a déclaré que l'Etat envisageait de réduire sa participation dans certaines entreprises pour financer des investissements.
« Il n'y a pas de sujet tabou », a affirmé le Premier ministre. « Nous envisageons que dans un certain nombre d'entreprises publiques où le taux de participation de l'Etat est très important, nous puissions dégager une partie pour financer l'investissement, pas pour boucher les trous du budget ».

20 milliards d'euros pour le très haut débit

Jean-Marc Ayrault a donné l'exemple des 20 milliards d'euros qui seront nécessaires pour financer l'installation de l'internet à très haut débit sur tout le territoire. Le ministère de l'Economie avait déjà signalé que la modification du portefeuille des participations de l'Etat était envisagée pour réaliser des investissements jugés plus stratégiques.
Il avait cité l'exemple de la vente récente de plus de 3% du capital de l'équipementier aéronautique Safran, notamment pour renforcer les fonds propres de la Banque publique d'investissement(BPI). L'opération a rapporté 448,5 millions d'euros à l'État. Parmi les importantes participations publiques, on compte les parts très majoritaires dans EDF, mais aussi Areva, ainsi que des participations minoritaires dans France Télécom, Air France-KLM, GDF Suez ou encore Renault.

« Amorcer une dynamique »

Philippe Waechter est chef économiste chez Natixis et analyse sur RMC les raisons de ce choix. « Quand on regarde la conjoncture française, on voit que l’investissement est très faible, note-t-il. Donc l’objectif du gouvernement avec ce type de mesures, c’est d’amorcer une dynamique sur l’investissement via l’investissement public. On pourrait utiliser cet argent pour des autoroutes, des TGV, l’Internet à haut débit, des éléments qui nécessitent longtemps des capitaux importants. L’autre point à retenir, c’est que l’Etat ne peut plus augmenter ses dépenses comme il a pu le faire par le passé, donc il doit arbitrer et vendre ses participations pour financer l’investissement public ».

« Extrêmement dangereux »

La proposition, pourtant, fait bondir certains à gauche. Marie Noëlle Lienemann, sénatrice PS de Paris, estime même que c’est « extrêmement dangereux » dans l’environnement économique actuel. « Nous sommes déjà hyper vulnérables aux fonds de pension étrangers. Je crois au contraire que la présence de capitaux publics est la garantie que le développement industriel bénéficie à la France. La fragilité industrielle de la France provient des privatisations en masse faites au profit d’étrangers et de fonds de pension. Nous avons besoin de capitaux industriels publics en France pour garantir le long terme ».

La rédaction avec Reuters