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L'axe Paris-Berlin doit faire ses preuves hors crise

Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, mercredi à Bruxelles. L'axe Paris-Berlin sort renforcé de la folle semaine qui a abouti jeudi à un compromis européen, certes imparfait, sur la crise de la zone euro. Mais il doit encore faire ses preuves sur d'autres fro

Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, mercredi à Bruxelles. L'axe Paris-Berlin sort renforcé de la folle semaine qui a abouti jeudi à un compromis européen, certes imparfait, sur la crise de la zone euro. Mais il doit encore faire ses preuves sur d'autres fro - -

par Emmanuel Jarry PARIS (Reuters) - L'axe Paris-Berlin sort renforcé de la semaine folle qui a abouti jeudi à un compromis européen sur la crise de...

par Emmanuel Jarry

PARIS (Reuters) - L'axe Paris-Berlin sort renforcé de la semaine folle qui a abouti jeudi à un compromis européen sur la crise de la zone euro mais doit encore faire ses preuves sur d'autres fronts et hors crise, estiment des experts es relations franco-allemandes.

Le couple franco-allemand incarné par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel a de nouveau démontré son efficacité en évitant aux Européens le pire - l'absence d'accord - même si cela été, comme presque toujours, laborieux.

Si le compromis imparfait et incomplet conclu après deux sommets en quatre jours et une ultime nuit de tractations ne règle pas tout, au moins offre-t-il un répit à l'Europe à une semaine du sommet du G20 sous présidence française à Cannes.

Si chacun peut être tenté de part et d'autre du Rhin de jouer à "qui a cédé à qui", pour les analystes interrogés par Reuters l'accord arraché par la chancelière allemande et le président français à leurs partenaires et aux banques est équilibré.

"Chacun a cédé un peu pour se rencontrer quelque part au milieu", estime ainsi Hans Stark, chercheur à l'Institut français des relations internationales (Ifri).

Au-delà des aspects techniques du compromis de Bruxelles, fruits de concessions mutuelles, la crise de la dette grecque a aussi amené les deux principales économies européennes à rapprocher leurs positions sur la gouvernance de la zone euro.

"L'essentiel est que, désormais l'un (Berlin) se montre solidaire tandis que l'autre (Paris) accepte de considérer les critères de convergences économiques comme une nécessité et plus comme une folie orthodoxe", souligne Hans Stark.

Pour Claire Demesmay, de l'Institut allemand de politique étrangère (DGAP) de Berlin, "on n'est plus seulement dans le très court terme mais aussi dans le moyen terme".

"L'axe franco-allemand sort renforcé de cette crise. On a vu qu'il fonctionnait malgré les aléas et qu'il y avait une attente des autres partenaires européens à son égard", souligne-t-elle.

Pour cette politologue, cependant, la question est maintenant de savoir si la France et l'Allemagne seront aussi capables de travailler ensemble sur d'autres sujets de fond et sans la contrainte extérieure d'une situation de crise.

CHANGER DE MÉTHODE

Or dans des domaines comme la défense, la politique étrangère et la politique énergétique, les positions des deux partenaires semblent aujourd'hui irréconciliables.

L'Allemagne réticente à l'idée d'un soutien militaire aux insurgés anti-Kadhafi défendue par la France, a été le seul pays européen, hormis la Russie, à s'abstenir lors du vote du Conseil de sécurité de l'Onu qui l'a autorisé. Et c'est le Royaume-Uni qui a été dans cette affaire le partenaire privilégié de Paris.

Le débat sur la sortie du nucléaire est devenue une source de frictions entre l'Allemagne, ralliée à ce scénario, et la France, attachée à une politique énergétique fondée sur l'atome.

"Pour moi, l'accord de Bruxelles est un point de départ", estime un haut responsable français très engagé dans le renforcement des relations franco-allemandes. "Il a permis de sauver la zone euro mais le plus difficile commence."

"Qu'est-ce qu'on arrive à faire en matière de gouvernement économique, de convergence fiscale, de projets sociaux avec les Allemands ? Le chantier est immense et il faudra des méthodes de travail totalement différentes", estime-t-il. "N'attendons pas les crises pour travailler ensemble."

Il plaide pour des contacts réguliers et de longue haleine à tous les niveaux, à l'image du groupe de travail parlementaire franco-allemand sur l'euro qui se réunira pour la première fois lundi, et va jusqu'à souhaiter un ministre des Finances commun.

"Bâtir des accords sur des sujets fondamentaux suppose de connaître les Allemands, de leur parler, de ne plus avoir une relation bloquée par la langue et la méconnaissance culturelle ou les réticences à venir en Allemagne", souligne-t-il.

Faute de changement de méthode, Français et Allemands auront certes réussi à surmonter la crise actuelle mais pas à prévenir les crises suivantes, "car les problèmes restent sur la table", estime encore ce haut responsable.

Pour lui, cela ne relève pas seulement d'une culture économique et d'un fonctionnement politique différents mais aussi d'un écart croissant en matière de résultats.

"Si dans un an vous avez un chômage à 12% en France et à 6%en Allemagne, un niveau de dette publique à 87% du PIB en France et à 30 ou 40% en Allemagne, une balance commerciale extérieure déficitaire de 75 milliards d'euros en France et excédentaire de 150 milliards en Allemagne, ça ne marchera pas", ajoute-t-il.

Edité par Elizabeth Pineau