Jules Bianchi: cinq questions sur son accident

Le jeune pilote Jules Bianchi, grièvement blessé dimanche lors du Grand Prix du Japon, reste hospitalisé dans un état "critique mais stable". Cinq questions pour tout comprendre à son accident.

Grièvement blessé dimanche dernier lors du Grand Prix du Japon, à Suzuka, Jules Bianchi, 25 ans, a subi une opération neuro-chirurgicale en urgence. Le jeune pilote, né à Nice en 1989, a perdu le contrôle de sa Formule 1 dans un virage avant de venir percuter un véhicule de dépannage en bord de piste. Inconscient à l’arrivée des secours et grièvement blessé à la tête, il a été transporté en ambulance à l’hôpital de Yokkaichi, où il était toujours hospitalisé lundi soir. Retour sur son accident en cinq questions. 

Quel est l'état de santé de Jules Bianchi?

L’état de santé de Jules Bianchi est "critique, mais stable": c’est ce qu’a déclaré Matteo Bonciani, un porte-parole de la Fédération internationale de l'automobile (FIA), devant l’hôpital de Yokkaichi lundi. Jules Bianchi a été opéré en urgence dimanche d’un hématome cérébral. Le pilote, qui respirait par sans assistance après la première opération, a dû être intubé dans la nuit de dimanche à lundi. Souffrant de nouveaux saignements, il pourrait repasser sur la table d’opération dans les prochaines heures. Les parents du jeune pilote, Philippe et Christine Bianchi, devraient rencontrer mardi matin l'équipe de médecins qui s'occupe de leur fils. Aucun communiqué ni bulletin de santé n’est pour l’instant prévu.

De quoi souffre-t-il?

Jules Bianchi a été opéré d'un hématome sous-dural, un hématome du sang dans les méninges. Une hémorragie interne qui nécessitait une opération d’urgence: un gros volume de sang dans les méninges entraîne un risque de destruction de cellules. Un tel choc engage forcément le pronostic vital pendant les premières 48 heures. Une semaine de plus est ensuite nécessaire pour envisager les séquelles éventuelles (mentales, sensorielles ou physiques). Difficile donc pour l’instant de savoir si Jules Bianchi pourra sortir indemne de cet accident.

Pourquoi Jules Bianchi a-t-il perdu le contrôle de sa F1? 

Des pneus inadaptés à la pluie et probablement très usés pourraient expliquer la sortie de piste de Jules Bianchi. Autre facteur aggravant: la visibilité, très réduite à cet endroit du circuit, si l’on en croit les explications données dimanche soir par Adrian Sutil, pilote allemand sorti lui aussi au même endroit. Deux tours après, Jules Bianchi est à son tour parti en aquaplaning. Mais au lieu de terminer sa course contre un mur de pneus, sa Marussia est venue heurter la dépanneuse appelée à la rescousse pour dégager la Sauber d'Adrian Sutil. "Jules a tiré tout droit, comme moi, en aquaplaning. Il ne pouvait rien faire", a constaté le pilote allemand après l’accident de Bianchi. Probable qu’avec la pénombre et la météo peu favorable, Jules Bianchi n'ait pas vu les doubles drapeaux jaunes, agités autour du circuit en cas de danger.

L’accident aurait-il pu être évité ? 

En raison de l’arrivée du typhon Phanfone, la Fédération internationale automobile a suggéré par deux fois aux organisateurs d'avancer le départ du Grand Prix. La FIA aurait proposé que la course débute à 11 heures au lieu de 15 heures, ce que les organisateurs ont refusé. Une grave négligence selon plusieurs pilotes, qui ont dénoncé les conditions météorologiques dans lesquelles le Grand Prix s’est déroulé. Le pilote brésilien Felipe Massa a confié peu après l'accident avoir demandé à plusieurs reprises l'arrêt de la course, car "il faisait bientôt nuit", rapporte ainsi L'Express.

D'anciens champions de course automobile, Alain Prost et Olivier Panis en tête, mettent aussi en cause la présence de la "grue" dans le virage numéro 7, où a eu lieu l’accident. "Ce tracteur-grue n'avait rien à faire là, a réagi l'ex-pilote Alain Prost sur Canal+. C'est une erreur fondamentale: une dépanneuse ne doit pas se retrouver en sortie possible de trajectoire, sans une voiture de sécurité déjà en poste pour protéger les F1 qui roulent". Il semble en effet qu'au moment de l'accident, la dépanneuse était présente sur la piste sans voiture de sécurité à ses côtés.

S’agissait-il de la première compétition de Jules Bianchi? 

Loin de là: Jules Bianchi est un habitué des circuits automobiles, et l'héritier d'une grande famille de pilotes. Son grand-oncle Lucien, et son grand-père, Mauro, étaient tous les deux pilotes. Le premier, vainqueur des 24 Heures du Mans en 1968, s’est tué sur le circuit sarthois un an plus tard. Jules Bianchi a repris le flambeau familial, en commençant par le karting, comme beaucoup de pilotes de sa génération, mais à seulement trois ans et demi. Après des débuts dans l’automobile en 2007, Jules Bianchi est repéré par Ferrari, et signe un contrat dans la filière "jeunes talents" de la prestigieuse écurie. En 2013, il devient pilote titulaire pour Marussia, pour qui il marque ses premiers points au Grand Prix de Monaco en mai dernier, où il termine neuvième.

Juliette Deborde