«J'ai entendu l'infirmière dire : de toute façon elle va clamser»

Atteinte d'une maladie extrêmement rare, une sexagénaire a failli mourir parce que ses médecins la croyaient condamnée. Angèle Lieby raconte sur RMC l'enfer qu'elle a vécu pendant son séjour à l'hôpital de Strasbourg en 2009.

Angèle Lieby est une miraculée. Atteinte d’une maladie extrêmement rare, le syndrome de Bickerstaff, une infection qui paralyse progressivement l’ensemble du corps, elle a vécu l’enfer pendant un séjour au centre hospitalier de Strasbourg, entre juillet et décembre 2009. Entrée à l'hôpital pour une forte migraine, elle voit son état de santé se dégrader rapidement. Alors qu’elle se retrouve totalement paralysée, les médecins décident de la plonger dans un coma artificiel, et pensent même à la débrancher pour la laisser mourir car tous les tests de conscience effectuées sur elle sont négatifs. Mais Angèle Lieby est bien consciente, et va vivre un calvaire.

Le personnel évoque ses obsèques devant elle

« Je me sentais comme enfermée en moi-même et personne ne voyait rien, confie-t-elle sur RMC. J'ai tenté de crier, de hurler pour qu’on m’entende, mais les médecins et les infirmiers ne voyaient rien (…). Souvent, il y avait des mots malheureux. A un moment, j'ai entendu une infirmière dire : "il lui faut 3 soins, on va en faire qu'un, de toute façon elle va clamser" (mourir). Un mot que je ne prononcerais même pas pour un animal ». Le personnel va même évoquer ses obsèques devant elle.
Pour sa défense, la direction de l’hôpital parle aujourd'hui d’un quiproquo, d’une erreur d’un médecin qui s’est trompé de personne.

Sauvée par une larme

Angèle Lieby aura la vie sauve grâce à une larme qui coulera sur sa joue, prouvant qu’elle était bien consciente. C’est donc tout naturellement qu’elle donnera au livre qu’elle a écrit (sorti fin mars aux éditions Les Arènes) ce titre : "Une larme m'a sauvée". A bientôt 60 ans, Angèle Lieby va aujourd’hui beaucoup mieux. Il ne lui reste plus que quelques séances de kinésithérapie et d'orthophonie pour tourner définitivement la page de la maladie.

Philippe Gril avec Quentin Pommier