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Société

Internet dangereux pour les adolescents ?

Chez les 11-13 ans, 3 enfants sur 4 sont présents sur Facebook et 87% d'entre eux ne protègent aucune donnée personnelle.

Chez les 11-13 ans, 3 enfants sur 4 sont présents sur Facebook et 87% d'entre eux ne protègent aucune donnée personnelle. - -

Divulgation d’images de soi, "déshabillage à la webcam", banalisation de la sexualité… les risques que les enfants peuvent rencontrer sur internet, sont nombreux. Chiffres à l’appui, une agence montre l'escalade numérique de nos ados, qui passent beaucoup de temps sur les outils communautaires.

L'agence de conseil Calysto publie son 4e baromètre "Enfants et Internet". Il montre l'escalade numérique des 11-17 ans, qui passent une grande partie de leur temps sur les outils communautaires type blogs ou Facebook. Quels sont les dangers encourus et comment les parents peuvent-ils protéger leurs ados ? Une association et une sociologue débattent et proposent des solutions. Donnez votre avis dans le forum ci-dessous !

75% des 11-13 ans présents sur Facebook

Selon l'étude, la moitié des 11-13 ans possède une page Facebook et un téléphone portable. Le taux de présence de ces derniers sur Facebook atteint les 75%. Trois heures de numérique par jour est devenu la norme.
Ce baromètre montre aussi la très faible présence des parents dans ce nouveau quotidien numérique des plus jeunes. Aujourd'hui encore, à peine 3 enfants sur 10 évoquent leurs tribulations en ligne avec leurs parents. 22% des 11-13 ans auraient un logiciel de contrôle parental sur leur ordinateur. Seuls 4% des 11-17 auraient une fonction contrôle parental activée sur leur mobile. Aujourd'hui, 87% des 11-13 ans ne protègent aucune donnée personnelle sur Facebook et 3 sur 10 acceptent systématiquement « les nouveaux amis » qui s'y présentent.

« Des images de soi divulguées, parfois de façon forcée »

L'association e-enfance aide les enfants et les parents à comprendre les nouvelles technologies. Sa directrice, Justine Atlan, détaille les risques que les enfants peuvent connaitre sur internet : « Beaucoup de divulgation d’images de soi, contrainte, forcée, demandée ou volontaire. Sur Facebook, c’est carrément écrit dans les conditions d’utilisation – que personne ne lit –, qu’on abandonne tout ce qu’on publie dessus, Facebook en devenant propriétaire.
Il y a après le risque de ce qu’on appelle "le déshabillage à la webcam", basé sur un pseudo volontariat : ça part d’un acte que l’ado va donner de lui-même, au départ par consentement, et une fois qu’il a donné un peu trop, on lui demande plus parce que ce sera diffusé. »

« Une banalisation de la sexualité »

Les enfants qui passent trop de temps sur la toile et les réseaux sociaux risquent-ils des problèmes graves ? « Oui », répond Dominique Delorme, responsable des lignes d'écoutes à l'association e-enfance : « on a une banalisation de la sexualité dans la tête de certains enfants mineurs de moins de 15 ans. Certains rapports sont totalement banalisés : par exemple, la fellation et la sodomie, pour certains enfants, ne sont plus des rapports sexuels, mais plutôt des "petites gâteries", qu’ils pratiquent entre eux, au même âge, 12-13 ans.
Il y a aussi ce phénomène de "voyeurisme", qui amène à se déshabiller, d’une façon volontaire. Et là on est face au problème de la diffusion d’images à caractère pédopornographique. »

« Pas de quoi être alarmiste… »

De son côté, la sociologue Céline Metton-Gayon, se veut rassurante : « il n’y a pas de quoi être alarmiste, dans la mesure où ils ont pas mal conscience des dangers qu’ils encourent lorsqu’ils sont sur la toile. Ils vont sur internet pour profiter de l’anonymat et se lâcher. Effectivement les ados ont aujourd’hui une connaissance beaucoup plus précoce de tout ce qui est vocabulaire sexuel, parce qu’ils vont voir comment fonctionne le monde des grands. Mais ces mêmes ados qui se lâchent sur internet, parfois quand ils reviennent dans leur contexte social, reprennent les codes de la vie courante. »

« Que les parents s’y mettent, s’y intéressent et contrôlent »

Aux parents souvent dépassés, Justine Atlan rappelle qu’ils sont là pour protéger leurs enfants et leur expliquent comment faire : « il faut que les parents s’y mettent, s’y intéressent et gardent le réflexe de parents, parce qu’il ne s’agit pas de changer ; il s’agit juste de changer d’outils et de ne pas se sentir illégitime : souvent, les parents ont l’impression qu’ils rentrent dans la sphère privée de leur enfant. Il faut les rassurer là-dessus : ils sont là pour être parents, pour protéger leurs enfants. Ils peuvent tout à fait avoir accès à tous ces outils et aller regarder ce que leurs enfants y font, le contrôler et l’encadrer dans la mesure du possible : en connaissant l’outil, son utilisation, en s’autorisant à poser des questions… parce qu’ils sont parents et qu’ils sont là pour ça. »