BFMTV
Insolite

Rennes: un faux "magistrat" fait fermer un restaurant et jeter 1.000 euros de nourriture

Le restaurant L'Amoratik, à Rennes  a été victime d'une étrange usurpation de qualité par un faux contrôleur.

Le restaurant L'Amoratik, à Rennes a été victime d'une étrange usurpation de qualité par un faux contrôleur. - Google Maps

Un couple d'usurpateurs s'est fait passer pour un magistrat et sa greffière, la semaine dernière, au cours d'un dîner qui a totalement dégénéré. Ce qui pourrait ressembler à de la folie pourrait en réalité cacher "une escroquerie" bien poussée, au mode opératoire qui reste à définir, selon l'avocat de la victime. Explications.

Le gérant de L'Aromatik, un restaurant de Rennes, est encore sous le choc. Mercredi peu avant 19 heures, rapporte Ouest France, un couple vient s'asseoir à une table de son établissement, situé rue Chatolais. Rien de notable, à première vue, jusqu'à la fin du repas, où l'homme de 21 ans exhibe une carte tricolore.

"Il nous a dit qu’il était magistrat et qu’il allait nous contrôler", se remémore une employée.

C'est à ce moment précis que tout bascule. L'usurpateur prend le contrôle du restaurant, et les clients, la porte. Des ordres sont donnés en cuisine. Le restaurateur est sommé de goûter ses propres plats pour voir à quel point ils seraient mauvais. Il est aussi prié de vider ses frigos et s'exécute. Quelque "1.000 euros de denrées" sont jetées à la poubelle, s'indigne le cuisinier.

Une tentative d'escroquerie aux contours flous?

Continuant sur sa lancée, le faux "contrôleur" revient sur les lieux le lendemain matin. Il photocopie les cartes d'identité des employés et confisque les contrats de travail, les bulletins de salaire et relevés d'identité bancaire.

Des menaces sont ensuite proférées à l'encontre du comptable, rapporte encore le quotidien de presse régional. Trouvant que son interlocuteur va trop loin, le restaurateur alerte la police. Le "magistrat" est interpellé et placé pour quelques heures en garde à vue. Sa "greffière", présente la veille, reste pour sa part introuvable.

Mais quelles auraient pu être les motivations de ce jeune homme? Joint par BFMTV.com, l'avocat du restaurateur Me Philippe Billaud, penche davantage pour "une escroquerie" dont le modus operandi resterait à préciser.

Un premier fait troublant est, pour l'avocat du restaurateur, que l'individu "se soit présenté de lui-même à l'hôpital psychiatrique" au sein duquel il a été admis. S'agit-il d'une manoeuvre dilatoire pour se mettre sous protection de l'autorité médicale?

Des documents falsifiés avec un culot incroyable

L'autre élément qui ferait pencher en faveur d'une "action très bien pensée", et donc préméditée, est le sens du détail dont a fait preuve le couple. Avec un culot incroyable, il a produit un faux "avis d'arrêt d'activité de trois mois pour travaux. Le document comportait trois cachets", détaille l'avocat: l'un avec la Marianne de la République, le deuxième avec la mention "juge de l'exécution" et, pour faire bonne mesure, le "certificat de conformité" du document.

"L'adresse du 1 place du Maréchal Juin où se trouve le tribunal des Affaires sociales a aussi été ajoutée", précise le conseil.

Selon lui, le coup est très bien monté puisque l'homme se présentait "comme membre du tribunal associatif, juge d'instruction et de l'exécution". Une juridiction inventée, mais crédible auprès des néophytes.

Un autre restaurateur visé par un procédé similaire

C'est l'Union des métiers de l'industrie de l'hôtellerie (UMIH) qui a averti le procureur de la République de Rennes, selon Me Philippe Billaud des agissements de cet entreprenant jeune homme. Car déjà, le 5 octobre, le gérant d'un autre restaurant "de la région" désirant conserver l'anonymat, avait été victime de faits similaires. Le but pourrait être de recueillir les données sociales et bancaires à travers les documents saisis pour monter une escroquerie.

Si l'association de malfaiteurs est constituée, l'usurpateur risque "au minimum cinq ans de prison", précise l'avocat qui indique sans surprise que son client a déposé plainte.

D. N.