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Après le duel "pain au chocolat"-"chocolatine", l'expression "pain aux raisins" divise

Viennoiseries dans une boulangerie en France.

Viennoiseries dans une boulangerie en France. - Flickr

Si les différences linguistiques régionales autour du pain aux raisins sont moins importantes que celles concernant le pain au chocolat, le terme ne fait pas l'unanimité.

Au rayon viennoiseries, il n’y a pas que le terme "pain au chocolat", ou "chocolatine" si l’on vit dans le Sud, qui divise. Après avoir récolté des milliers de données sur des noms d’objets et autres expressions françaises, Mathieu Avanzi a publié ce mercredi une carte sur l’emploi du terme "pain aux raisins" en France. Une fois encore, les résultats suscitent de vives réactions. Les curieux apprennent qu’on qualifie le pain aux raisins de "pain russe" à Lyon ou à Saint-Etienne, d’"escargot" dans le nord-est de la France, de "schneck" en Alsace, de "suisse" à Dunkerque, ou encore d’"alsacienne" dans quelques villes bretonnes.

L'escargot choisi pour la forme de la viennoiserie 

"Réalisée en 2015, cette enquête a recensé l’avis de près de 13.000 personnes, réparties dans toutes les régions françaises", se souvient Mathieu Avanzi, contacté par BFMTV.com. Pour certains de ces mots, l’explication est simple. Dans l’est de la France, l’escargot a été choisi en raison de sa forme et le mot "schneck" n’est que la traduction allemande littérale du nom de la viennoiserie donné dans la région.

"C’est mal indiqué sur la carte mais dans les Ardennes, certaines personnes appellent aussi le pain aux raisins "couque aux raisins"", explique l’auteur de la carte. "Le terme vient directement du néerlandais, qui désigne à peu près toutes les viennoiseries. Vous avez des couques au chocolat et des couques aux raisins."
carte pain aux raisins
carte pain aux raisins © -

Pour le "pain russe", utilisé à Lyon, son origine fait débat. "De ce que l’on dit, un tsar serait venu à Lyon et il aurait particulièrement aimé cette viennoiserie. Mais c’est invérifiable", souligne Mathieu Avanzi. "Sur le groupe Facebook appelé 'Tu sais que tu viens de Lyon', il y a eu plus de 1000 likes à ce sujet et ils semblent fiers de cette particularité régionale." 

Pour "l’alsacienne" en Bretagne, aucune explication sur l’utilisation de ce terme. Mais le spécialiste en linguistique s’amuse du mot "suisse" que l’on observe dans les boulangeries dans le Pas-de-Calais. "Suisse désigne normalement une tarte rectangulaire fourrée avec de la crème pâtissière, c’est très étonnant."

Les différences régionales dans la linguistique

L’auteur de la carte a commencé à s’intéresser aux différences linguistiques entre régions françaises à partir de 2015. "Originaire de Haute-Savoie et ayant vécu en Suisse et en Belgique, on m’a toujours dit que je parlais différemment", explique-t-il. Alors qu’il devait réaliser une enquête sur la prononciation, très vite, il s’est rendu compte que les différences de mots "intéressaient plus".

"Il y avait déjà eu des enquêtes sur l’emploi des termes en Italie et en Allemagne et personne ne s’était encore intéressé aux différences régionales en France", souligne-t-il. "Les réseaux sociaux et les nouveaux outils de cartographie m’ont beaucoup aidé dans mes enquêtes. Je me suis rendu compte que la langue touchait tout le monde."

Après le livre Atlas du français dans nos régions en 2017, Mathieu Avanzi a écrit Parlez-vous (les) français, publié le 9 octobre dernier chez Armand Colin. D’un bout à l’autre de la francophonie d’Europe (Belgique, France, Suisse), les lecteurs y découvrent des expressions pour se saluer, se réjouir, râler… Pour l’auteur, "la richesse du français de nos régions s’illustre par de nombreuses et étonnantes formules".

Romane Ganneval