Homophobie: un agent Thalys suspendu après avoir empêché deux femmes de s'embrasser

Un employé du TGV Thalys a été suspendu après avoir empêché deux femmes de s'embrasser sur le quai de la gare du Nord à Paris. La passagère admonestée par l'employé s'est plainte de son comportement. Suspendu par la SNCF, il pourrait être licencié.

Elles ne devaient plus se revoir avant quelques semaines et se sont embrassées, pour se dire au revoir, sur le quai de la gare du Nord à la mi-février. La scène n'a manifestement pas plu à un employé de Thalys. "Assez énervé" l'homme aurait interrompu ce geste, jugé par lui "intolérable", et fait la leçon aux deux femmes pendant un quart d'heure jusqu'au départ du train, rapporte Mirjam, Amstellodamoise de 35 ans dont le témoignage a été recueilli par L'Obs. L'agent SNCF aurait expliqué qu'"un homme et une femme pouvaient s'embrasser, mais pas deux femmes". Après s'être ouvert de son indignation auprès d'un membre du personnel pendant le voyage, la trentenaire a formulé une réclamation sur le site de la compagnie.

L'employé suspendu avant "de futurs développements"

La réaction de la SNCF a été radicale. L'employé a été suspendu ce 11 mars "en l'attente de futurs développements", a tweeté Thalys_fr.

La compagnie "condamne fermement tous les propos et actes homophobes". Pourtant, la plainte de la voyageuse a mis du temps à être entendue. "Il y a une semaine seulement, j’ai eu un message de Thalys pour me dire qu’ils enquêtaient, ainsi que de vagues excuses. Je pense que j’aurais reçu le même email si mon train avait eu du retard", regrette-t-elle encore dans les colonnes de L'Obs.

Parallèlement, une pétition a été ouverte jeudi sur le site de l'organisation de défense des droits des homosexuels All Out, pour laquelle milite Mirjam. Elle avait recueilli quelque 37.000 signatures en une journée et comptait presque 61.000 signatures vendredi en milieu d'après-midi.

Une formation qui reste à perfectionner

La trentenaire déplore aussi que cet acte homophobe risque de conduire cet employé à perdre son emploi. La porte-parole de Thalys Eva Mertens met en avant la "formation continue portant sur les valeurs de l'entreprise", mais admet que "cet incident nous prouve qu'il est important de continuer à agir et à informer".

C'est surtout le grand écart, entre le marketing "gay friendly" de la SCNF et la réalité du terrain, qui a choqué la jeune femme. Une campagne de mai 2013 baptisée "Thalys hugs" et saluée par les associations pour avoir présenté un couple homosexuel, est notamment confrontée à cette réalité d'une discrimination au quotidien.

D. N.