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Société

Hérault: face la prolifération de lapins, un maire affiche la recette du civet dans sa commune

Le maire de Baillargues, dans l'Hérault, a fait afficher la recette du civet de lapin sur une soixantaine de panneaux d'affichage de la commune. Il entend dénoncer la prolifération de l'animal dans la région.

Une campagne de pub pour faire réagir. Jean-Luc Meissonnier, le maire de Baillargues, dans l'Hérault, a fait afficher la recette du civet de lapin dans les rues de sa commune, alors qu'il est confronté à une prolifération de l'animal, rapporte la presse locale. Une façon d'interpeller sur le phénomène qui contribue à détruire une partie des récoltes.

Au total, la recette apparaît actuellement sur une soixantaine de panneaux d'affichage à Baillargues, de façon à ce qu'elle soit bien en évidence pour les passants.

Sur chaque panneau, on voit d'un côté une large photo de lapin de garenne. "C'est moi qui saccage chaque nuit ton terrain, tes champs, ta ligne de voie ferrée", dit l'affiche. De l'autre côté du panneau, la recette du civet de lapin est donnée en détails. "Luttons contre la prolifération du lapin de garenne", dit encore l'affiche.

Des dommages pour les cultures et près des voies ferrées

Pour le maire, cette campagne au ton volontairement humoristique a malgré tout pour ambition de dénoncer un vrai problème pour la région. Les nombreux lapins détruisent en effet une partie des récoltes des agriculteurs de la commune et des environs, endommagent également le golf de Massane, situé à Baillargues, mais aussi certains talus situés à proximité des voies ferrées.

"Des responsables de la direction régionale de la SNCF d’Occitanie et de Vinci Autoroutes étaient d’ailleurs présents, avec notamment des lieutenants de louveterie, lors de la dernière réunion en date organisée à Mauguio, initiée par le combatif préfet de l’Hérault, François-Xavier Lauch, et ont fait part de leur inquiétude face à ce phénomène", affirme le maire à Métropolitain.

"Si on ne parvient pas à stopper rapidement cette forte prolifération, (les lapins) vont s’inviter pour manger les salades, les poireaux, les oignons et autres fruits et légumes, puisqu’ils ont avalé des fraises sur des exploitations du Lunellois", s'inquiète-t-il.

"Les politiques doivent prendre ce sujet à cœur, certaines cultures sont ravagées", estime également le directeur du golf, Bruno Castel, auprès de France 3.

Bras de fer avec les élus animalistes

Pour l'élu, l'abondance de lapins est directement liée à l'évolution de nos pratiques. "Avant dans les communes, on chassait le lapin, maintenant, on chasse le sanglier, alors il y a une surpopulation de lapins", affirme Jean-Luc Meissonnier, à France Bleu, déplorant que la chasse soit interdite dans les bois proches de Montpellier.

"C'est dommage qu'on ne fasse pas un retour en arrière sur ces bons petits plats qui réjouissaient toute une famille autour de quelque chose qui n'était pas cher", poursuit-il, n'hésitant pas à promouvoir la consommation de lapins.

Le maire va même jusqu'à pointer du doigt les élus du Parti animaliste de la région, affirmant qu'ils "vont être obligés de se remettre à manger de la viande le jour où les lapins auront mangé toutes les carottes et toutes les salades".

"Le Parti animaliste ne pense pas que cela fasse rire les Baillarguois que leurs impôts locaux soient utilisés pour les blagues du maire", ont-ils répondu via un communiqué.

"Le Parti animaliste propose également une recette aux Baillarguois et Baillarguoises pour réguler leur édile: monter une liste concurrente aux prochaines élections municipales, ce qui n’était pas le cas lors des précédentes.”

Le préfet de l'Hérault mobilisé

Alors que la prolifération des lapins de garenne occupe la région depuis des années, le préfet de l'Hérault a envoyé une lettre à 12 maires du département le 23 février dernier pour leur demander d'agir, notamment auprès des particuliers qui n'entretiennent pas assez leurs terres, créant involontairement des "refuges" pour les lapins.

En mars 2023, le préfet avait déjà classé l'animal comme "espèce nuisible", estimant que "les dégâts occasionnés par le lapin de garenne (avaient) atteint un niveau exceptionnel".

Les élus animalistes dénoncent de leur côté une "hypocrisie de l’État" sur le sujet. "Il autorise l’élevage de lapins et d’autres animaux qui sont achetés par des chasseurs pour être relâchés afin de servir de cibles vivantes, tout en permettant l’abattage des prédateurs naturels des lapins”.

Juliette Desmonceaux