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Société

Hécatombe dans le berceau de l'élevage des huîtres

Les ostréiculteurs du Bassin d'Arcachon, berceau de l'élevage des huîtres en France, s'alarment de la baisse durable de fertilité des reproducteurs, qui menace toute la filière et, au bout du compte, la production et le prix des coquillages. /Photo d'arch

Les ostréiculteurs du Bassin d'Arcachon, berceau de l'élevage des huîtres en France, s'alarment de la baisse durable de fertilité des reproducteurs, qui menace toute la filière et, au bout du compte, la production et le prix des coquillages. /Photo d'arch - -

Les ostréiculteurs du bassin d'Arcachon, berceau de l'élevage des huîtres en France, s'alarment de la baisse durable de fertilité des reproducteurs. Une baisse qui pourrait menacer toute la filière.

Les ostréiculteurs du bassin d'Arcachon, berceau de l'élevage des huîtres en France, s'alarment de la baisse durable de fertilité des reproducteurs, qui menace toute la filière et, au bout du compte, la production et le prix des coquillages.

Un généticien vient d'être nommé pour se pencher dès l'automne sur ce phénomène au moment où débute la ponte des huîtres avec 15 jours de retard. "D'habitude nous avons des huîtres laiteuses dès le 11 juillet et elles pondent dans la foulée. Mon sentiment est qu'elles sont de moins en moins prêtes à pondre", dit Olivier Laban, président du comité régional de la conchyliculture.

Précisant qu'il "faut attendre encore quelques jours pour faire un bilan pour 2012", l'ostréiculteur constate que, depuis quatre ans, le captage (la collecte des "naissains", les larves d'huîtres), est faible, ce qui représente un problème considérable pour les quelque 300 entreprises ostréicoles qui emploient plus de mille personnes dans le bassin.

"Il y a quelques années, les huîtres pondaient avant le 14 juillet. Depuis 2008, les captations ont beaucoup baissé. En fait, depuis trois ans, ce que nous récupérons est insuffisant", confirme Bernard Délis, vice-président du syndicat ostréicole de Gujan-Mestras.

Il rappelle que cette baisse de captation se conjugue avec la mortalité des huîtres juvéniles attaquées par un herpès qui leur est fatal. "Arcachon et la Charente-Maritime étaient traditionnellement les lieux privilégiés de captation", rappelle-t-il.

Conséquence de la pollution

Les professionnels s'interrogent sur les raisons de cette hécatombe. Ostréiculteur au Canon, sur la commune de Lège-Cap-Ferret, Yan Dupuyoo estime qu'elle est à imputer au trop grand nombre de bateaux de plaisance qui brassent l'eau et perturbent le captage. "On en compte en pleine saison 20.000 de chaque côté du bassin. Les peintures anti-salissures des bateaux ne sont pas sans conséquence pour l'environnement. Quand vous avez un produit qui tue les coquillages qui s'accrochent sur les coques, pourquoi épargnerait-il les huîtres?", demande-t-il.

Il y a une dizaine d'années, il captait environ 500 huîtres jeunes sur chaque tuile utilisée pour collecter les naissains, "contre moins de 50 aujourd'hui", raconte-t-il. Pour Olivier Laban, au travers du parc marin en constitution, "il faudra mettre un moratoire sur les petits bateaux et interdire ce type de peinture pour les petites unités qui sont mises à l'eau seulement quelques jours par an".

Au laboratoire Ifremer d'Arcachon, on évoque plusieurs pistes comme potentiels facteurs d'explication de la forte baisse d'intensité des pontes depuis dix ans.

La baisse du stock d'huîtres adultes, une mauvaise maturation de la population due probablement à la disparition d'espèces du phytoplancton, des éléments contaminants qui s'accumulent, comme les hydrocarbures abondants dans le Bassin d'Arcachon, ainsi que, depuis dix ans, l'introduction d'huîtres triploïdes stériles, élevées dans des nurseries industrielles et plus résistantes aux maladies, sont notamment citées par cet organisme public.

La Rédaction, avec Reuters