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Société

Haro sur Molex, qui annonce des résultats record

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L’équipementier automobile américain Molex, qui avait fermé son usine de Villemur-sur-Tarn (Haute-Garonne) l’an dernier, annonce un chiffre d’affaire record de 75 millions de dollars au troisième trimestre 2010. Écœurement des salariés et colère du gouvernement.

Les 283 salariés de l’usine de Villemur-sur-Tarn licenciés par Molex en 2009 n’en reviennent pas. L’équipementier américain qui refuse de financer leur plan social, après la fermeture de leur usine en 2009, a augmenté son chiffre d’affaires d’un tiers en un an (+ 75 millions de dollars au 3ème trimestre) et va augmenter de près de 15% les dividendes versés à ses actionnaires.

Le ministre de l'Industrie, Christian Estrosi, vient, en représailles, de déclarer la guerre à Molex. Il exige de Renault et PSA qu’ils boycottent Molex. Il promet également d’utiliser « tous les moyens de droit nécessaires » pour imposer à Molex de s’expliquer devant la justice française.

« C’est parfaitement lamentable »

Guy Pavant, ex délégué CGT de l’usine de Villemur-sur-Tarn, réagit sur RMC à l’annonce du chiffre d’affaires record de son ancien employeur : « C’est parfaitement lamentable! C’est un pied de nez, pour les salariés que nous sommes et au gouvernement français! Ils se fichent du monde! C’est presque de la provoc’! L’entreprise se désengage de ses responsabilités et laisse payer la collectivité. C’est complètement anormal pour un groupe qui a largement les moyens de prendre ses responsabilités et de respecter ses engagements. »

« On n’a pas le droit d’arrêter les commandes. Des contrats sont établis »

Alain Gabriel, journaliste économique à La Tribune, explique que la demande d’Estrosi faite à PSA et Renault est absolument inenvisageable : « C’est impossible d’arrêter des commandes comme ça, comme le demande Estrosi, du jour au lendemain. Il y a un flux. Personne d’autre ne peut produire tout d’un coup deux fois plus de pièces du jour au lendemain. On n’a pas le droit d’arrêter de passer des commandes puisqu’il y a des contrats qui sont établis. Il n’y a pas de cas prévoyant que, parce qu’un ministre dit quelque chose, on arrête le flux. »

Ndlr : Molex n'a pas répondu à nos demandes d'interview. Cependant, dans un entretien accordé à L'AFP, la vice-présidente de l'entreprise déplore que Christian Estrosi ait « une nouvelle fois adopté une approche très agressive » à l'égard du groupe américain, soulignant une « confusion » entre la situation globale de Molex et celle en France.

bourdinandco - avec Julien Coudrot