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Société

Guadeloupe : vers une impasse ?

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Depuis 3 semaines, la Guadeloupe est paralysée par une grève générale. Les syndicats protestent contre la vie chère et demandent une hausse des salaires. Mais l'Etat refuse la hausse de 200 euros demandée.

La Guadeloupe est bloquée depuis le 19 janvier. Après la fermeture des stations-service, une grève générale a commencé. Les manifestants à Pointe-à-Pitre sont chaque jour de plus en plus nombreux. A l'origine du mouvement, le collectif LKP "Liyannaj Kont Pwofitasyon" (Collectif contre l'exploitation outrancière), demande notamment une baisse des prix des carburants, des produits de première nécessité, des impôts et des taxes, ainsi qu'une hausse du salaire minimum de 200 euros.

Les prix flambent

Depuis l'augmentation des taxes et l'envolée du cours du brut l'été dernier, les prix des carburants ont fortement augmenté. D'autant qu'une filiale de Total détient le monopole des exploitations pétrolières sur place. Le pouvoir d'achat des Guadeloupéens s'est nettement dégradé. Parce que de nombreux produits sont importés en Guadeloupe, le coût de la vie y est en moyenne supérieur de 30% par rapport à l'Hexagone. C'est ce que prouve, chiffres à l'appui, le directeur de recherche au CNRS, Jean Viard, qui a comparé les prix dans les supermarchés de la métropole et ceux de Basse-Terre, en décembre 2008 [source : Le Monde, du 7 février] :

Le kilo de carottes : 1,56 euro en métropole, contre 4,12 euros en Guadeloupe, soit 164 % de plus
Le kilo d'endives : 1,95 euros contre 4,59 euros, soit 135,4 % de plus
Le kilo de poireaux : 1,85 euro contre 3,82 euros, soit 106,5 % de plus
Le kilo de rumsteck : 15,91 euros contre 24 euros, soit 50,8 % de plus
Le kilo de poulet fermier : 6,67 euros contre 8,35 euros, soit 25,2 % de plus
Le kilo de farine : 1,84 euro contre 2,85 euros, soit 54,5 % de plus
Coca-Cola 6 × 33 cl : 2,02 euros contre 3,14 euros, soit 55,3 % de plus
Shampooing douche Tahiti 200 ml : 2,05 euros contre 4,05 euros, soit 97,4 % de plus
Eau de Javel Lacroix 2 litres : 0,89 euro contre 1,57 euro, soit 76,4 % de plus

Ce qu'ils ont obtenu

Se posant en « médiateur » entre syndicats et patronat qui ne parvenaient pas à se mettre d'accord, Yves Jégo, secrétaire d'Etat à l'Outre-Mer, s'est rendu sur place, pour faire avancer les négociations. Résultats : certaines stations-services ont rouvert ; le Revenu de solidarité active (RSA) sera mis en place plus tôt que prévu ; la grande distribution va baisser de 10% les prix de 100 produits de première nécessité ; une prime de 150 euros sera accordée à quelques 189 000 foyers ; et les banques vont réduire certains de leurs frais. Mais le départ précipité du secrétaire d'Etat à l'Outre-Mer, a attisé la colère des Guadeloupéens.

L'Etat tient tête

Parmi les revendications du collectif LKP, une restait à trancher : l'augmentation de 200 € net pour les bas salaires demandée par les syndicats. Un point sur lequel l'Etat vient d'annoncer qu'il ne cèderait pas. Alors que le conflit s'est déjà étendu à la Martinique, certains craignent un enveniment très rapide, en Guadeloupe, mais aussi en Guyane et sur l'Ile de la Réunion...

La rédaction