BFMTV
Société

Grand débat national: quelle place pour les prisons?

Ces Français pourraient être incarcérés dans des quartiers dits "étanches", comme celui de Fleury-Mérogis.

Ces Français pourraient être incarcérés dans des quartiers dits "étanches", comme celui de Fleury-Mérogis. - AFP

Tandis que la garde des Sceaux a assuré sur notre antenne être favorable à l'organisation de débats au sein des prisons, les surveillants s'interrogent sur les moyens mis en oeuvre pour une telle initiative, alors qu'un mouvement de grève touche de nombreux établissements.

La banlieue, la ruralité, la jeunesse… Et bientôt la prison? Lundi soir, Nicole Belloubet a confirmé sur notre antenne être favorable à l’organisation de débats au sein même des établissements pénitentiaires, dans le cadre du grand débat national. La ministre de la Justice s’était déjà déclarée en faveur de cette mesure fin janvier. L’objectif étant d’inclure tous les citoyens, y compris ceux derrière les barreaux. Mais l’annonce ne fait pas l'unanimité au sein de l'administration pénitentiaire.

Développer la citoyenneté 

La Chancellerie précise à BFMTV.com, “tout comme dans l’école de la magistrature ou l’école national des greffes, nous souhaitons organiser des débats au sein des prisons. Fiscalité, transition écologique ou services publics, les mêmes thèmes seront débattus.” Le porte-parole de la ministre Youssef Badr avait d’ailleurs confirmé au Parisien que la lettre aux Français d’Emmanuel Macron avait été diffusée “auprès des personnes écrouées détenues.”

Une façon de montrer que la prison “n’est pas hors du monde”, mais aussi de mettre en avant “le droit à une expression collective”, avait déclaré Adeline Hazan, la contrôleure générale des lieux de privation de liberté. L’organisation d’un grand débat participe aussi au développement de la citoyenneté, essentiel pour la réinsertion des détenus.

"Il y a une demande au sein des établissements. Des détenus disent que si le débat se tient, ils iront. Tous ceux qui le souhaitent pourront s'inscrire et participer, à l'exclusion des personnes sous le coup de mesures disciplinaires ou présentant un risque particulier pour la sécurité", a expliqué à l'AFP la Direction de l'administration pénitentiaire (DAP), ajoutant que la plupart des personnes incarcérées pour des faits de terrorisme seront probablement exclus.

"Ce n'est pas la priorité"

Du côté des surveillants pénitentiaires en revanche, l'enthousiasme n’est pas au rendez-vous. On s’interroge déjà sur le timing, alors qu’un large mouvement de grève touche les prisons actuellement. “Vu les difficultés du côté du personnel, ce n’est pas la priorité”, tranche auprès de BFMTV.com Christopher Dorangeville, secrétaire général du syndicat CGT Pénitentiaire.

“La ministre fait la sourde d’oreille depuis plusieurs semaines sur les revendications de l’entente syndicale. On ne comprend pas la place qu’aura le personnel dans ces débats… C’est malvenu”, ajoute-t-il.

Le syndicaliste s’interroge également sur les moyens nécessaires pour l’organisation de ces débats qui “utilisent de la force, de l’énergie et du temps”, alors que les surveillants subissent déjà un manque d’effectifs récurrent.

"Tous les débats sont utiles”, a déclaré sur notre antenne la garde des Sceaux. Reste à savoir quels moyens leur seront alloués, d’ici le 15 mars (date de clôture des grands débats) pour juger de leur utilité.

Esther Paolini