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Société

François Hollande accorde une grâce totale à Jacqueline Sauvage

Le président de la République a finalement décidé d'accorder une grâce totale à Jacqueline Sauvage. Elle est sortie de prison ce mercredi en fin d'après-midi.

Retournement dans l'affaire Jacqueline Sauvage. Après une grâce partielle, qui n'avait pas permis de la faire sortir de prison, le président de la République a décidé d'accorder une grâce totale à Jacqueline Sauvage, condamnée à dix ans de prison en octobre 2014, puis en appel en décembre 2015, pour avoir tué son mari, qui la frappait depuis 47 ans. Ses trois filles avaient témoigné à charge contre leur père, expliquant avoir été violées et battues, comme l'avait été leur mère.

"J'ai décidé d'accorder à Jacqueline Sauvage une remise gracieuse du reliquat de sa peine. Cette grâce met fin immédiatement à sa détention", a écrit François Hollande sur son compte Twitter.

Sa place n'est plus en prison, mais "auprès de sa famille"

Jacqueline Sauvage est en effet libérable immédiatement, comme le précise aussi L'Elysée, qui a annoncé cette nouvelle,

"Le Président de la République, en application de l'article 17 de la Constitution et après avis du ministre de la Justice, a décidé d'accorder à Madame Jacqueline Sauvage une remise gracieuse du reliquat de sa peine d’emprisonnement. (...) Le président de la République a estimé que la place de Mme Sauvage n'était plus aujourd'hui en prison, mais auprès de sa famille", précise le palais présidentiel dans son communiqué.

"Terrassée par la joie"

L'une des avocates de Jacqueline Sauvage, Me Nathalie Tomasini, a réagi à cette annonce, se disant "terrassée par la joie et l'émotion". 

"Je suis tellement heureuse, c'est le résultat d'un an de travail acharné, on a porté ce dossier à bout de bras", a-t-elle ajouté.

Une demande de grâce totale avait été envoyée à L'Elysée début décembre par les filles de Jacqueline Sauvage, alors qu'une pétition réclamait la libération de la sexagénaire, réunissant plus de 380.000 signatures.

Ses filles disaient craindre pour sa vie

Dans leur lettre, les trois filles de Jacqueline Sauvage se disaient inquiètes de l'état de santé de leur mère, "craignant pour sa vie". Une inquiétude partagée par ses deux avocates au fil des derniers mois, alors que la demande de libération conditionnelle de leur cliente a été rejetée à deux reprises.

Comme l'a précisé L'Elysée, François Hollande a accordé sa grâce "après avis du ministre de la Justice", saisi le 9 décembre après le rejet en appel de la demande de libération conditionnelle de Jacqueline Sauvage.

Une grâce partielle d'abord accordée le 31 janvier

Grâce à une forte mobilisation de l'opinion publique et de nombreuses personnalités, Jacqueline Sauvage, devenue le symbole des victimes de violences conjugales, avait obtenu le 31 janvier une grâce partielle. Cette mesure avait notamment amputé sa peine de la période de sûreté, et lui avait permis de présenter immédiatement une demande de libération conditionnelle, rejetée en première instance puis en appel.

Pour expliquer son refus, la cour d'appel de Paris avait estimé que la réflexion de Jacqueline Sauvage demeurait "pauvre et limitée puisqu'elle pein(ait) encore" à accéder à un "authentique sentiment de culpabilité".

Jacqueline Sauvage devait rester en prison jusqu'en 2018. Elle a quitté sa cellule de Réau, en Seine-et-Marne, ce mercredi en fin d'après-midi.

Charlie Vandekerkhove avec AFP