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Société

France et Rwanda parlent d'avenir, restent muets sur le passé

Premier chef d'Etat rwandais à venir à Paris depuis le génocide en 1994 de la minorité tutsie, à laquelle il appartient, Paul Kagame (à droite) a été reçu lundi à l'Elysée par Nicolas Sarkozy. Il a plaidé pour un accroissement des échanges commerciaux ent

Premier chef d'Etat rwandais à venir à Paris depuis le génocide en 1994 de la minorité tutsie, à laquelle il appartient, Paul Kagame (à droite) a été reçu lundi à l'Elysée par Nicolas Sarkozy. Il a plaidé pour un accroissement des échanges commerciaux ent - -

PARIS (Reuters) - Le président rwandais Paul Kagame a plaidé lundi pour un accroissement des échanges commerciaux entre son pays et la France,...

PARIS (Reuters) - Le président rwandais Paul Kagame a plaidé lundi pour un accroissement des échanges commerciaux entre son pays et la France, prenant bien garde d'éviter toute référence aux controverses qui continuent de peser sur les relations entre Paris et Kigali.

A l'issue d'un déjeuner à l'Elysée avec Nicolas Sarkozy, il a déclaré vouloir inscrire cette relation dans l'avenir.

"En venant ici, nous regardons vers l'avenir plutôt que vers le passé, je suis ici pour construire pour l'avenir et pas le passé", a-t-il dit à la presse.

Premier chef d'Etat rwandais à venir à Paris depuis le génocide en 1994 de la minorité tutsie, à laquelle il appartient, Paul Kagame a entamé dimanche une visite pour parachever une réconciliation entamée en 2009 à l'initiative de Nicolas Sarkozy, qui s'est rendu à Kigali en février 2010.

"J'ai demandé plus de commerce, plus de partenariat", a-t-il encore déclaré, en soulignant que les entreprises françaises étaient libres de venir investir au Rwanda, petit pays de l'Afrique des Grands Lacs, dans des secteurs comme le tourisme ou les infrastructures.

Dans un communiqué, l'Elysée a souligné que l'Agence française de développement s'apprêtait à y augmenter ses engagements et que la France était prête à contribuer au démarrage du programme rwandais de géothermie et aux études sur l'exploitation du méthane du lac Kivu.

La présidence française n'a pas fait non plus la moindre allusion aux polémiques qui se poursuivent sur le génocide de 1994 et l'attitude de l'armée française, alors présente à Kigali, pendant et après les massacres qui ont fait 800.000 victimes.

"DIMENSION GÉNOCIDAIRE"

Lors de sa visite à Kigali, Nicolas Sarkozy avait reconnu que la France avait commis de "graves erreurs d'appréciation" pour n'avoir pas perçu la "dimension génocidaire" du gouvernement rwandais de l'époque, mais sans aller jusqu'à parler de "faute" ou présenter des excuses officielles.

Côté français, la justice a mis en cause des proches de Paul Kagame pour la destruction de l'avion du président rwandais Juvénal Habyarimana, piloté par un équipage français, qui avait été l'élément déclencheur de la chasse meurtrière de la minorité tutsie par des milices de l'ethnie hutue au pouvoir.

L'attitude du gouvernement rwandais, qui a publié un rapport accusant le dispositif militaire français Turquoise, alors déployé à Kigali, de complicité avec le régime en place, suscite toujours de violentes critiques en France.

Les présidents de l'Assemblée nationale et du Sénat ont décliné toute rencontre avec Paul Kagamé alors que le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé, qui était déjà à la tête du Quai d'Orsay en 1994, a invoqué une tournée en Asie-Océanie pour l'éviter.

Des représentants de l'opposition rwandaise et des organisations non gouvernementales ont également critiqué la visite de Paul Kagame en dénonçant des violations des droits de l'homme au Rwanda.

Interrogé sur les manifestations hostiles prévues pour sa venue, le président rwandais a déclaré que sa "visite ne pouvait être empêchée parce qu'elle est utile".

Dans son communiqué, l'Elysée a indiqué que Nicolas Sarkozy avait réaffirmé à son homologue "son attachement à l'État de droit et à la coopération judiciaire entre la France et le Rwanda".

Toujours selon la présidence française, leur entretien a porté aussi "sur la consolidation de la paix et de la sécurité dans la région des Grands Lacs, l'intégration économique régionale à travers la Communauté de l'Afrique de l'Est, et le rôle important de l'Union africaine dans la reconstruction de la Libye nouvelle."

Yann Le Guernigou, édité par Yves Clarisse