BFMTV
Société

« Fourniret, pervers jusqu’au bout »

-

- - -

Michel Fourniret, qui répond enfin aux questions à son procès, a donné sa version des crimes dont il est accusé.

Aujourd'hui, la Cour d'assise des Ardennes examine la personnalité du couple Fourniret- Olivier. Mais surtout, hier, Michel Fourniret a tenu sa promesse, il a parlé devant la cour. Il ne sera interrogé sur les faits que jeudi et vendredi matin, comme l'a décidé le président. Les avocats des familles de victimes pourront lui poser des questions essentielles.

En attendant, la cour poursuivait son examen de personnalité, en entendant d'anciennes victimes de Fourniret. Et c'est un autre visage que l'ogre des Ardennes a voulu montrer, celui d'un homme courtois qui n'a pas vraiment conscience d'agression. Il se prête au jeu de la parole avec autant d'application qu'il s'obstinait à ne pas parler.

Il se raconte, avec des détails, cherche les mots pour ne pas se tromper, évite parfois de répondre aussi. Pourtant, Michel Fourniret a fait hier un aveu de taille : « dans ma tête, c'est terrible à dire, mais je n'ai pas l'impression d'agresser quelqu'un ». Fourniret est en effet persuadé qu'il parvient à séduire ses victimes. Hier, elles sont pourtant venues lui rappeler à la barre le traumatisme qu'elles avaient subi, mais Fourniret se cache toujours derrière sa quête de la virginité : « tant que je n'ai pas eu la réponse », explique-t-il, « je reste un individu dangereux, je n'en ai jamais fait l'expérience ». « Encore dangereux aujourd'hui ? » interroge un magistrat. « Oui », lance l'accusé comme un avertissement à la cour.

Pour Maître Didier Seban, qui fait partie des avocats des parties civiles, Michel Fourniret est « pervers jusqu'au bout. Il a une manière de décrire les scènes et son vécu des scènes qui ne correspond en rien à celui des victimes. Les victimes vivent un instant de terreur, d'horreur, et lui vit une rencontre avec des jeunes femmes avec lesquelles il discute, il partage des secrets. On a donc d'un côté une scène de terreur et de l'autre une scène de cinéma, où Michel Fourniret se positionne en acteur. Il nous dit « j'ai joué le rôle du hors-la-loi » lorsqu'il a agressé telle ou telle jeune femme ».

Parmi les victimes qui ont témoigné à la barre, on retrouve Dahina Le Guennan qui a été agressée sexuellement par Fourniret en 1982. A sa sortie de l'audience, elle a déclaré : « Je suis contente d'avoir pu faire ce que je n'avais pas pu faire à 14 ans, c'est-à-dire lui parler, avoir pu lui poser des questions. Je ne sais pas si j'ai obtenu des réponses car c'est Michel Fourniret. Il n'y a jamais rien eu d'affectif entre nous et je n'étais pas consentante. Finalement, je suis calme et sereine. J'ai pu le regarder et je sais qu'il ne me fait plus peur du tout ».

La rédaction et Aurélia Manoli