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Finistère: une voiture parisienne incendiée et un tag indépendantiste breton retrouvé à proximité

Un badge de la police sur une veste (illustration).

Un badge de la police sur une veste (illustration). - Geoffroy Van der Hasselt / AFP

Le véhicule, immatriculé 92 (Hauts-de-Seine), a été incendié en pleine nuit alors qu'il était stationné devant la maison de sa propriétaire. Un tag "FLB", qui fait référence à l'organisation indépendantiste du Front de Libération de la Bretagne, a été retrouvé sur le sol.

Un incendie politique? Dans la nuit de jeudi à vendredi, une habitante venue passer quelques jours dans sa résidence secondaire de Concarneau, dans le Finistère, entend des bruits suspects puis une voiture démarrer rapidement devant chez elle, vers 2h du matin. Elle sort et découvre alors sa voiture, immatriculée 92 (pour le département des Hauts-de-Seine, en région parisienne), en flammes. Les trois lettres "FLB" sont aussi taggées en noir sur le sol, à quelques mètres de l'incendie, rapportent Ouest-France et France 3 Bretagne.

Dans la région, ces trois lettres font tout de suite penser au "Front de Libération de la Bretagne", une organisation indépendantiste qui a employé des méthodes terroristes des années 1960 jusqu'en 2000. D'autant que les pompiers indiquent rapidement à l'habitante que l'incendie serait criminel: un dispositif incendiaire a été retrouvé sous la carcasse du véhicule.

"Je suis bretonne"

L'habitante réside à l'année en région parisienne mais revendique son identité locale: "je suis bretonne. Je suis née à Brest, j’ai vécu 10 ans à Concarneau et je possède cette maison secondaire depuis 20 ans. Enseignante, comme tant d’autres, je suis partie en région parisienne pour y travailler. C’est incompréhensible", partage-t-elle à Ouest-France.

Un motif semble pourtant s'imposer: le rejet des résidences secondaires possédées par des non-Bretons accusées de faire monter les prix sur le littoral et d'empêcher les habitants de se loger là où ils le souhaitent. Depuis plusieurs années, les collectifs critiques vis-à-vis de ces résidences mais aussi de la location de logement sous forme de Airbnb se sont multipliés en Bretagne, de même que les dégradations de ces biens.

Selon une étude de l'INSEE publiée en mai 2023 et reprise par France 3 Bretagne, les résidences secondaires constituent près de 12% de l'immobilier breton et 65% des logements situés à moins de deux kilomètres de la mer dans la région. La moitié de ces pieds-à-terre sont la propriété de personnes vivant en Bretagne ou en Pays de la Loire. Le reste appartient majoritairement à des personnes résidant à l'année en Île-de-France.

La propriétaire de la voiture incendiée dit "comprendre qu'il y ait de la grogne contre les résidences secondaires" mais "ne pense pas qu la violence puisse résoudre quoi que ce soit". Elle estime par ailleurs ne pas être "la bonne cible".

Résurgence du FLB?

Après 40 années d'activités militantes et terroristes notamment par un attentat au château de Versailles en 1974, le FLB et ses émanations ont cessé de revendiquer des actions terroristes en 2000, après un attentat dans un restaurant McDonald's qui va choquer la Bretagne et achever de convertir les derniers militants violents au pacifisme.

Mais 20 ans plus tard, le sigle réapparaît. En 2021, des personnes affirmant parler au nom du FLB revendiquent plusieurs "attaques de résidences secondaires ou de profiteurs de l'industrie touristique" correspondant à des incendies. En 2022, un nouvel incendie de résistance secondaire est revendiqué par le "FLB" dans les Côtes d'Armor.

En mars de la même année, alors que des discussions sont en cours en Corse sur la possibilité d'une autonomie après le décès d'Yvan Colonna, Ouest-France reçoit un communiqué signé de la branche historique armée du FLB, l'Armée révolutionnaire bretonne (ARB). Le texte exige l'organisation par le gouvernement d'un référendum sur la réunification de la Bretagne et de la Loire-Atlantique. Il demande également l'organisation d'un deuxième sur l'indépendance ou l'autonomie de la Bretagne réunifiée.

Estimant que "le peuple corse n’est écouté par le gouvernement qu’à la suite d’actions violentes", le FLB-ARB menace de passer aux actions violentes si ces référendums ne sont pas organisés avant le 31 décembre 2022. Sans que des actions notables n'aient été enregistrées depuis.

Glenn Gillet