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Société

Faut-il craindre des dérapages au congrès de l'UOIF ?

Ce jeudi débute le 29è congrès annuel de l'UOIF

Ce jeudi débute le 29è congrès annuel de l'UOIF - -

Ce vendredi débute au Bourget, le 29è congrès annuel de l’Union des Organisations Islamiques de France (UOIF). Nicolas Sarkozy a mis en garde l’organisation contre les appels à la violence et à la haine. Pour certains, cette déclaration envoie un mauvais signal aux musulmans de France.

100 000 personnes sont attendues au Bourget dès ce vendredi et jusqu’au 9 avril pour le 29e congrès annuel de l’UOIF, deuxième fédération de l'Islam de France qui regroupe 200 associations et 450 salles de prière.

Le climat est d’ores et déjà tendu après la mise en garde de Nicolas Sarkozy contre les « porteurs d'appels à la violence, à la haine, et à l'antisémitisme » qui pourraient s'exprimer lors du rassemblement ce week-end. Tension déjà ressentie après l’interdiction d’entrer sur le territoire signifiée à 6 personnes invitées par l'UOIF et soupçonnées de tenir des propos antisémites, misogynes ou haineux.

« J’ai jamais entendu de paroles antisémites à l'UOIF »

Mercredi, Fouad Alaoui, le président de l'UOIF a exprimé ses craintes. Pour lui, cette décision envoie un mauvais signal à la communauté musulmane de France. Même constat pour Tareq Oubrou, grand imam de Bordeaux et président d’honneur de l’Association des Imams de France, pour qui la déclaration de Nicolas Sarkozy : «C’est presque une insulte. C’est une mise en garde qui n’a pas lieu d’être. J’ai jamais entendu de paroles antisémites, ni un appel à la violence. Cette organisation a toujours fait le modérateur, l’interface entre la communauté et la République. Tout le monde le sait. Et le premier à le savoir c’est Sarkozy lui-même qui était ministre de l’Intérieur et qui a eu affaire avec l’Union des Organisations Islamiques de France. Et lui-même a assisté au Bourget, il sait à qui il a affaire. C’est une organisation qui respecte le droit. C’est une stratégie à mon sens plus politicienne électoraliste qu’autre chose ».

« Cette polémique peut radicaliser des individus »

Pour le directeur de recherche au CNRS, Franck Frégosi, spécialiste de l’Islam, on ne doit pas craindre l’UOIF. Pour lui : « l’UOIF au contraire a permis à des éléments un peu plus fondamentalistes de rentrer dans le rang. Elle a, au contraire, permis à ce que des musulmans puissent à la fois se réclamer d’un islam orthodoxe sans pour autant être en rupture de bans avec la République. L’UOIF a acquis une certaine légitimité et a même été critiquée pour être trop modérée au regard de certains musulmans. Mais aujourd’hui, le véritable défit ce n’est pas l’UOIF, mais les mouvements salafistes. Par contre, il est clair qu’aujourd’hui la polémique qui a été mise en place et la stigmatisation dont elle fait l’objet peut : conforter certains éléments musulmans qui considèrent qu’on ne peut pas négocier avec les pouvoirs publics, radicaliser des individus qui, jusqu’à présent, ne l’étaient pas du tout ».

La Rédaction avec Aurélia Manoli