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Société

« Face à un préjugé, 1 Français sur 3 baisse les bras ». Et vous ?

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En France, les préjugés augmentent. Ils ont même doublé par rapport à l’an passé, selon un sondage pour l'Union des Etudiants Juifs de France. Interview de sa présidente, Arielle Schwab et du Président de SOS Racisme, Dominique Sopo.

Les préjugés persistent, et même progressent, en France. C'est ce qui ressort d'un sondage BVA, réalisé en mai pour l'Union des Etudiants Juifs de France (UEJF). Résultats : 28% des personnes interrogées estiment que les arabes sont plus délinquants que les autres (l’an dernier, ils étaient 12%). Pour 49% des sondés, "les étrangers savent mieux profiter du système de protection sociale que les autres". Et ils sont 12% à affirmer : "les homosexuels sont plus obsédés que les autres", soit 4 fois plus que l'an dernier.
Des résultats inquiétants, mais pas surprenants, estiment les associations de lutte contre le racisme. Dans le forum ci-dessous, dites-nous ce que vous pensez de ces chiffres et de ce débat !

« Les préjugés ont plus que doublé par rapport à l'an dernier »

« Après un an de matraquage stigmatisant envers les populations arabes ou musulmanes, les préjugés ont plus que doublé par rapport à l'an dernier », déplore Arielle Schwab. Invitée de Bourdin Direct ce matin, la Présidente de l'Union des étudiants juifs de France (UEJF) a tenu notamment à souligner le contexte actuel particulier : « les autorités morales (politiques, intellectuels…), sensées être garantes de cette parole, libèrent aujourd’hui cette parole et les préjugés. Les plus grands dérapages ont quand même été validés dans les préfectures en France. Donc on voit mal pourquoi la société civile s’autocensurerait de ce point de vue là.
Dans ce sondage, on s’est posé par ailleurs la question de savoir si la société française, nous, avions une capacité d’absorption des préjugés, plus importante qu’à une autre époque. Et par exemple, un Français sur trois, face à un préjugé raciste, baisse les bras et ne le relève pas, dans un contexte amical par exemple. »

« Il n’y a pas de gène de la délinquance chez telle population »

Evoquant les récents « débats sur les minarets, sur l’identité nationale, sur la burqa… et les dérapages qui s’en sont suivis », Dominique Sopo, Président de SOS Racisme, rappelle par ailleurs que « l’immense majorité des arabes en France, sont des Français. Aujourd’hui, poursuit-il, être Français, c’est aussi être noir, être arabe, être blanc, être de toutes origines… c’est une de nos grandes richesses.
La question n’est pas de savoir s’il y a plus de noirs, d’arabes, de blancs, de chinois ou de je ne sais quoi, dans les prisons. La question est de savoir si c’est en fonction des origines des gens, que les comportements délinquants sont perpétrés. Et évidemment, on ne peut pas tenir de telles positions, dans la mesure où il n’y a pas de gène de la délinquance chez telle ou telle partie de la population. »
Rappelant l’épisode d’Eric Zemmour qui, à la télévision, avait déclaré que la plupart des trafiquants sont noirs ou arabes, Dominique Sopo pointe également du doigt « les médias, qui ont ici une très grande responsabilité ».

« Voilà comment on passe du préjugé au passage à l’acte »

Tout en soulignant la « capacité d’indignation et de réaction » de chacun, SOS Racisme, comme d’autres associations, milite pour une solution « pédagogique par rapport aux préjugés ». Une solution comme celle du programme CoExist, de Judith Cohen Solal, qui intervient dans les collèges pour déconstruire les préjugés auprès des plus jeunes : « au fur et à mesure, explique la psychanalyste, dans la société, ça se dit, en rigolant, ça se répète, partout, ça se retrouve dans les discours des politiques, à la télévision… et au fur et à mesure, ça s’imprime dans la tête. "Noirs sportifs", "arabes voleurs"… Des gens vont avoir un mouvement de recul, en voyant des noirs ou des arabes quand ils rentrent dans le métro... Il ne leur ait pas vraiment arrivé quelque chose, mais c’est dans l’air. Petit à petit, les actes aussi vont être minimisés, normalisés… et c’est là qu’on passe du préjugé au passage à l’acte. »

Pour retrouver le podcast intégral de l'interview d'Arielle Schwab et Dominique Sopo, cliquez ici.

La Rédaction, avec Céline Martelet