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Société

Etats généraux de la nuit pour réconcilier fêtards et casaniers

Renouer le dialogue entre noctambules et Parisiens aspirant à la tranquillité, c'est l'objectif des états généraux de la nuit parisienne organisés vendredi et samedi sous l'égide de la mairie de Paris. /Photo d'archives/REUTERS/Gerardo Garcia

Renouer le dialogue entre noctambules et Parisiens aspirant à la tranquillité, c'est l'objectif des états généraux de la nuit parisienne organisés vendredi et samedi sous l'égide de la mairie de Paris. /Photo d'archives/REUTERS/Gerardo Garcia - -

par Elizabeth Pineau PARIS (Reuters) - Renouer le dialogue entre noctambules et Parisiens aspirant à la tranquillité, c'est l'objectif des états...

par Elizabeth Pineau

PARIS (Reuters) - Renouer le dialogue entre noctambules et Parisiens aspirant à la tranquillité, c'est l'objectif des états généraux de la nuit parisienne organisés vendredi et samedi sous l'égide de la mairie de Paris.

Le maire socialiste de la capitale, Bertrand Delanoë, ouvrira les débats qui réuniront représentants de ses services, forces de l'ordre, professionnels de la nuit et riverains.

"On est à différents moments de la vie celui qui sort, celui qui dort ou celui qui travaille. On n'est pas tout l'un ou tout l'autre en permanence, la question c'est d'organiser la vie ensemble", a dit à Reuters Mao Peninou, adjoint au maire chargé du dossier.

Selon lui, Paris compte environ 200 night-clubs et 850 établissements ouverts après deux heures du matin.

"Sur les 50 dernières années, c'est une augmentation assez forte", dit l'élu qui met aussi en avant les transformations liées aux mesures contre la voiture (trottoirs élargis, rues rendues aux piétons, aménagements de places, de berges, etc).

"Ça a des conséquences positives sur la vie de quartier mais négatives en terme de nuisances", reconnaît-il.

De Bastille à Oberkampf, des Champs-Elysées à Saint-Germain-des-Prés, de Pigalle à la Butte-aux-Cailles, la crispation se fait sentir dès la nuit tombée.

Bars, clubs et restaurants vivent au rythme des plaintes déposées par les riverains excédés par le bruit de clients jetés sur le trottoir par l'interdiction de fumer dans les lieux publics, effective depuis janvier 2008.

Des professionnels ont tiré la sonnette d'alarme l'an dernier dans une pétition intitulée "Quand la nuit meurt en silence", où ils dénoncent la répression et le danger de "reléguer la Ville lumière au rang de capitale du sommeil".

INSONORISER LES LIEUX

La préfecture note toutefois une baisse des infractions pour tapage nocturne dans les débits de boisson, dont le nombre est passé de 122 sur les huit premiers mois de 2008 à 115 sur la même période en 2009 et 95 en 2010.

De petits établissements disent souffrir de l'épée de Damoclès qui pèse sur eux en permanence.

"On n'est pas là pour embêter les voisins, on est là pour s'intégrer", dit Stéphane Lange, qui tient avec son épouse un petit bar de quartier dans le XIe arrondissement.

"J'attends que les discussions avec la mairie nous donnent un peu de marge de manoeuvre pour qu'on ne soit pas sans arrêt à se dire 'je suis répréhensible, je suis le vilain petit canard du quartier'", ajoute le jeune homme, qui aimerait par exemple pouvoir organiser chez lui des apéritifs musicaux.

L'un des objectifs affichés de la mairie de Paris est de défendre les bars culturels et musicaux "qui sont à la fois le vivier de la culture à Paris et de vrais instruments pour le lien social et la sécurité".

Au chapitre des solutions, les états généraux devraient déboucher sur de nouveaux moyens de médiation.

La mairie suggère la création de commissions de conciliation par arrondissement "de manière à avoir une sorte d'expertise permettant de rendre les choses plus objectives en cas de plainte", explique Mao Peninou.

Comme cela se fait déjà à Barcelone, en Espagne, des mimes pourraient faire leur apparition à la place des policiers pour inciter les fêtards à baisser le ton.

"Une manière de faire de la médiation sans doute plus adaptée à des gens qui ont en train de faire la fête et qui ont pas mal bu que les uniformes classiques", souligne Mao Peninou.

Autre piste : l'attribution par la mairie et la région de subventions pour financer des travaux d'insonorisation.

"Tous les bars de Paris ne peuvent pas être aménagés", prévient toutefois Stéphane Lange. "Beaucoup sont 'dans leur jus' et c'est ça qui fait tout leur charme".

Edité par Yves Clarisse