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Société

Eoliennes : une énergie trop chère ?

Un projet de 20 milliards d'euros qui permettrait de créer 10 000 emplois selon NKM.

Un projet de 20 milliards d'euros qui permettrait de créer 10 000 emplois selon NKM. - -

600 éoliennes au large des côtes françaises d'ici 2015, 1200 en tout d'ici 2020. Hier lundi, la ministre de l'Écologie et du Développement durable, Nathalie Kosciusko-Morizet a ouvert l'appel d'offres. S’il y a des emplois en perspective, la facture d’électricité devrait augmenter.

L’appel d’offre est accessible aux sociétés étrangères. Areva, GDF Suez et les chantiers navals de Saint-Nazaire, entre autres, ont montré leur intérêt. Elles doivent déposer leur dossier avant janvier 2012. Un projet de 20 milliards d'euros qui permettrait de créer 10 000 emplois selon NKM.

La facture augmentera de 13% progressivement jusqu'en 2015.

Ces 1.200 éoliennes apporteront 3,5% de la consommation française d'électricité. Si l'on ajoute les éoliennes terrestres, 10% de la consommation d'électricité proviendra des éoliennes en 2020, conformément aux objectifs du Grenelle.
Les éoliennes seront installées au large du Tréport et Fécamp (Alpes-Maritimes), Courseulles-sur-mer (Calvados), Saint-Brieuc (Côtes-d'Armor) et Saint-Nazaire (Loire-Atlantique).
Selon la Fédération Environnement Durable, ces éoliennes en mer vont être payées en grande partie par la facture d'électricité des Français. Selon les calculs de la fédération, la facture augmentera de 13% progressivement jusqu'en 2015.

« On a des villages, qui se sont diversifiés »

Nicolas Wolff est membre du syndicat des énergies renouvelables. Le projet permettra de créer 10.000 emplois, c'est-à-dire ?
« C’est des emplois qui correspondent à toute la chaîne de valeur, de la conception des machines jusqu’à leur installation et leur maintenance. Je me fie à l’expérience qu’on a sur les pays nordiques : au Danemark par exemple, on a des villages, qui étaient autrefois tournés sur la pêche, qui se sont diversifiés sur la maintenance des plateformes éoliennes, avec l’utilisation des bateaux, la mise en place de flottes de maintenance et l’utilisation des pêcheurs qui sont devenus des opérateurs de maintenance ».

« C’est les Français qui vont payer, par leur facture d’électricité »

Jean-Louis Butré est président de la Fédération environnement durable qui regroupe 675 associations qui luttent contre l'éolien. Selon lui, le projet sera financé en très grande partie par les Français.
« Comme le veut la loi, cette électricité est rachetée par EDF, à un prix forfaitaire 5 fois plus cher que ce que sait faire EDF sur son courant. Donc la seule façon pour EDF de récupérer cet argent, c’est de vendre le courant plus cher. C’est les Français qui vont payer, par leur facture d’électricité. Et les prévisions les plus optimistes c’est d’abord une hausse de 13% ; alors qu’il y a 3 millions de ménages français qui ne peuvent même plus payer leurs factures. Est-ce que la France n’est pas en train de faire une erreur nationale ? C’est vraiment de l’obstination de faire ça ».

« Ils nous font croire que ça va être des gens du secteur qui vont travailler, mais dès le départ c’est pas ça »

Olivier Becquet est pêcheur et président du Comité d'action contre l'éolien au Tréport, près de l'un des sites en construction. Le projet d'éoliennes en mer doit créer 10 000 emplois. Mais Olivier Becquet est sceptique.
« Aujourd’hui par exemple, il y a des bateaux qui sont en mer en train de faire des prélèvements – un de 50-60 mètres, qui rentre à Dieppe et un autre de 10 mètres –, ce ne sont pas des Français, ce sont des étrangers. Ils nous font croire que ça va être des gens du secteur qui vont travailler, mais dès le départ c’est pas ça ! Il était convenu que ce soit les professionnels qui participent aux prélèvements, aux études ; puisqu’on allait certainement en souffrir, autant que les études soient menées et qu’on profite de toutes ces éoliennes installées. On s’aperçoit que, malgré ce qui a été dit, déjà ça démarre mal ».

La Rédaction avec Amandine Dubiez.