Eolien : l'appel à l'aide de la filière

Trop de paperasse, trop de procès, les professionnels de l’éolien s’inquiètent : leurs projets mettent trop longtemps à aboutir. Résultat, certains sont obligés de licencier.

C’était censé être une filière d’avenir, c’est finalement un secteur en crise : l’éolien n’a pas le moral. Le Syndicat des Energies Renouvelables en appelle aux pouvoirs publics pour aider les professionnels du secteur à s’en sortir face à une baisse inquiétante de leur activité cette année. En théorie, il faudrait construire 500 éoliennes par an pour suivre les objectifs du Grenelle. Or, il n’y en a pour le moment que 100 en 2012.

« Certains licencient déjà »

Les raisons de leurs difficultés, les professionnels du secteur les ont bien identifiées : tout est question de timing. Quand il faut trois ou quatre ans en Allemagne pour construire une éolienne, il en faut en moyenne huit chez nous. « Il faut consulter entre 25 et 30 administrations, regrette le président du Syndicat des énergies renouvelables Jean-Louis Bal. C’est très long, ça peut faire l’objet de recours devant les tribunaux administratifs ». Conséquence, l’emploi en souffre : « Il y a des projets gelés, certains licencient déjà, on est très très inquiets, il faut qu’on arrête de nous mettre des bâtons dans les roues ».

« Aidez-nous ! »

PDG d’Eneryo, une PME qui installe des éoliennes, Antoine Saglio a déjà dû licencier. « On a perdu un tiers de notre effectif en deux ans, s’inquiète-t-il. Imaginez, un particulier qui achète un terrain, qui dépose un permis de construire et qui, 5 ans plus tard, ne l’a pas, c’est impensable ». Résultat, les dossiers traînent et les procès s’accumulent. Près d’une éolienne sur deux fait l’objet d’un recours devant les tribunaux administratifs, et si les dossiers sont souvent rejetés, c’est généralement plusieurs années de perdues. « Il y a des dossiers qui sont depuis Mathusalem dans les préfectures, regrette Antoine Saglio, parce que d’un seul coup on veut faire une étude sur la vie sexuelle de telle espèce à la pleine lune pendant les années bissextiles, des trucs absolument incroyable ! A un moment il faut dire stop, c’est frustrant de rester bridés, comme ça. Aidez-nous ! »
Actuellement 8000 personnes vivent de l'éolien en France. L’objectif est de créer 60 000 emplois d'ici 2020.

La rédaction avec Amandine Dubiez