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Entreprises et ménages français prennent un coup au moral

LE MORAL DES MÉNAGES

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par Marc Angrand PARIS (Reuters) - Plombés par la crise de la dette, la baisse des marchés financiers et les craintes d'un ralentissement mondial de...

par Marc Angrand

PARIS (Reuters) - Plombés par la crise de la dette, la baisse des marchés financiers et les craintes d'un ralentissement mondial de l'activité, le climat des affaires et le moral des ménages en France se sont fortement dégradés en septembre, ce qui augure mal de l'évolution de l'investissement et de la consommation.

Les enquêtes de l'Insee confirment une évolution qu'avaient déjà ébauchée jeudi les premiers résultats des enquêtes mensuelles PMI de Markit et confortent le scénario d'une croissance au mieux faible au second semestre après la stagnation du printemps.

L'indice général du climat des affaires en France a reculé de huit points à 97 et retombe sous sa moyenne historique de 100.

"Le climat conjoncturel se dégrade dans tous les secteurs à l'exception du bâtiment", précise l'Insee dans un communiqué.

Dans l'industrie manufacturière, le secteur le plus surveillé, la baisse de l'indice est de six points, à 99, son niveau d'août 2010. L'indicateur des services chute quant à lui de huit points à 95.

Conséquence de cette baisse forte et généralisée, l'indicateur de retournement, un baromètre des changements de tendance de la conjoncture, "bascule nettement en zone défavorable", note l'Institut national de la statistique.

"On en est à trois mois consécutifs de baisse forte, on est repassé en dessous des moyennes de long terme", commente Frédérique Cerisier, économiste de BNP Paribas. "Le problème, c'est que quand ça baisse à cette vitesse, on ne sait pas quand ça va s'arrêter!"

Les résultats préliminaires des enquêtes PMI avaient aussi montré jeudi une nette dégradation des perspectives d'activité pour les prochains mois.

Et la situation n'est pas meilleure du côté des consommateurs: à 80 en septembre, l'indice de confiance des ménages calculé par l'Insee chute à son plus bas niveau depuis février 2009. Le détail de l'enquête traduit notamment un accès de pessimisme sur le niveau de vie et l'emploi.

"RALENTISSEMENT", "STAGNATION" OU "RÉCESSION" ?

Retombé en mai sous sa moyenne de long terme, l'indicateur mesurant le jugement des ménages sur l'évolution du chômage a ainsi rechuté à son niveau de juin 2010. Une évolution évidemment peu propice à la consommation: le solde des réponses sur l'opportunité de faire des achats importants efface ainsi ses gains de juillet et se rapproche de son plus bas annuel.

De quoi nourrir le scénario d'une croissance faible au troisième trimestre, voire au quatrième.

Si la Banque de France attend pour l'instant une progression au moins symbolique de 0,1% du PIB sur juillet-septembre, les économistes évoquent un scénario plus sombre encore.

"Ça se détériore très vite et a priori ça donnera une fin d'année proche de la stagnation", résume Frédérique Cerisier, chez BNP Paribas. "Pour l'instant, il n'y a plus de moteur de croissance."

Joost Beaumont, d'ABN Amro, est plus pessimiste encore: "au final, dit-il, ces enquêtes montrent que l'économie flirte désormais avec la récession, comme la zone euro dans son ensemble, et elles soulignent une fois de plus la nécessité pour les décideurs politiques de prendre des mesures audacieuses pour contenir la crise."

Un lien entre situation politique et conjoncture économique qu'a également souligné vendredi Laurence Parisot, la présidente du Medef.

"Nous sommes au bord d'un ralentissement s'il n'y a pas des décisions politiques - à l'échelle européenne et peut-être même à l'échelle du G20 - claires, qui donnent une direction économique aux acteurs, qu'ils soient entreprises ou ménages", a-t-elle dit sur RMC. "De coup de boutoir en coup de boutoir, nous n'arrivons plus à avancer, on finit par douter, tous, collectivement."

édité par Yves Clarisse