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Société

Emirates finalise l'achat de vingt A380 à Airbus

Le Premier ministre français Edouard Philippe rencontre le prince héritier d'Abou Dhabi Mohammed ben Zayed Al-Nahyane

Le Premier ministre français Edouard Philippe rencontre le prince héritier d'Abou Dhabi Mohammed ben Zayed Al-Nahyane - Karim Sahin, AFP

La compagnie aérienne Emirates a signé dimanche 11 février un accord avec Airbus pour finaliser l'achat de 20 A380, avec 16 avions supplémentaires en option, a annoncé à Dubaï le Premier ministre français Edouard Philippe. "A l'instant, j'ai assisté à la signature du contrat de cession définitive de 20 A380 Airbus, plus une option de 16 appareils", a dit M. Philippe à la presse au terme d'une visite de deux jours aux Emirats arabes unis. "C'est évidemment une excellente nouvelle pour l'industrie aéronautique française, pour l'industrie européenne dans son ensemble, et qui permet à Airbus d'envisager la poursuite de la production de l'A380 dans de bonnes conditions", a-t-il ajouté.

Le contrat a été signé entre le PDG d'Emirates, cheikh Ahmed ben Said al Maktoum, et le président d'Airbus pour l'Afrique et le Moyen-Orient, Mikail Houari.

Bouffée d'oxygène

Le 18 janvier, Emirates avait annoncé un accord d'un montant de 16 milliards de dollars pour acquérir 36 Airbus A380 supplémentaires.

Cette commande constitue une véritable bouffée d'oxygène pour Airbus, l'avionneur européen ayant lui-même prévenu que, sans elle, le programme A380 était menacé.

Emirates est la compagnie aérienne qui possède déjà le plus grand nombre d'avions géants A380 (101 + 41 commandes fermes). Entré en service en 2007, l'A380 peut emporter jusqu'à 850 passagers et 320.000 litres de carburant. Son rayon d'action peut atteindre 15.200 km. 

Davos du Golfe

Cette annonce a été effecutée à l'occasion d'une visite d'Edouard Philippe à Dubaï à l'occasion du World Government Summit, un "Davos du Golfe" organisé à Dubaï.

"La France vit une grande transformation" qui vise à "réparer le pays" et "préparer l'avenir", a dit M. Philippe en ouvrant le sommet, devant un millier de personnes. Il leur a décrit un pays qui, avec Emmanuel Macron, a fait "le choix d'écarter une génération" pour "passer à la suite" avec "le plus jeune président de la République (...) jamais élu".

Venu aux Emirats pour tenter de convaincre la riche fédération pétrolière d'investir davantage en France, le Premier ministre a assuré ses interlocuteurs du "cadre favorable à l'investissement et aux entreprises" et du caractère "inéluctable et irréversible" de la baisse de la fiscalité des entreprises.

Applaudissements polis

Commencé en anglais puis prononcé en français, le discours -aux nombreuses références parfois pointues à l'Histoire de France- a été accueilli par des applaudissements polis.

Lors de sa présidence, François Hollande avait déjà lancé en 2014 une offensive pour tenter de tuer le "French bashing" qui décrivait la France comme l'homme malade de l'Europe. Mais, selon M. Philippe, l'élection d'un jeune président au détriment de la candidate d'extrême droite Marine Le Pen, tout comme l'embellie économique des derniers mois ont "commencé à changer le regard" sur le pays.

Entretien avec Modi

Dimanche après-midi, Edouard Philippe s'est par ailleurs entretenu avec son homologue indien Narendra Modi, présent aux Emirats. Les deux hommes ont évoqué "des questions de sécurité, de défense et de production d'énergie", ainsi que "les perspectives de coopération économique", notamment "dans les domaines qui seront au coeur" de la visite d'Emmanuel Macron à New Delhi début mars.

Samedi, pour le premier jour de sa visite aux Emirats, Edouard Philippe avait rencontré successivement les dirigeants des deux grands fonds souverains émiratis puis le prince héritier d'Abou Dhabi, cheikh Mohammed ben Zayed Al-Nahyane. "Ce que j'ai senti, c'est leur intérêt soutenu" quant "aux perspectives qui s'offrent en France", a estimé M. Philippe, même si aucun nouvel accord ou contrat précis n'a été évoqué.

Paris veut attirer davantage de pétrodollars alors que les fonds souverains émiratis dont la jauge dépasse les 800 milliards de dollars (environ 652 milliards d'euros),ne comptent que trois milliards d'investissements en France. "Il faut faire en sorte que notre pays soit plus attractif (...), et il y a du travail", a reconnu M. Philippe dans un discours devant la communauté française, sur le navire militaire "Tonnerre" amarré dans le port de Dubaï.

Visite d'une base militaire

Devenus le carrefour du Moyen-Orient, les Emirats sont aussi un partenaire stratégique majeur pour la France, avec trois bases militaires. Samedi, Edouard Philippe s'est rendu sur une d'elles, d'où décollent des avions de combat Rafale pour frapper l'organisation Etat islamique (EI) en Syrie et en Irak. Alors qu'une coupe dans le budget des armées avait entraîné la première crise du début du quinquennat Macron, avec l'éviction du chef d'état-major Pierre de Villiers, il a souligné la hausse des moyens militaires prévue dans la nouvelle loi de programmation militaire, avec près de 200 milliards d'euros mobilisés entre 2019 et 2023. 

Le Premier ministre Edouard Philippe sur une des bases militaires françaises à Abou Dhabi le 10 février 2018
Le Premier ministre Edouard Philippe sur une des bases militaires françaises à Abou Dhabi le 10 février 2018 © KARIM SAHIB, AFP
J. H. avec AFP